The Immigrant
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Niché entre NIMH et The Land Before Time, An American Tail constitue avec ces derniers la Sainte Trinité de Don Bluth, le cœur d’une carrière émérite à la réalisation : gage d’un bouleversement pour tout bambin qui se respecte, les souvenirs affiliés à leur(s) visionnage(s) démontrent d’une puissance d’évocation sans pareille, puisant de fait leurs racines victorieuses dans ce doux et chaleureux giron qu’est la famille.
An American Tail, loin de déroger à la règle, y aura donc grandement contribué : s’accaparant le mythe d’un Nouveau Monde plein de promesses, il brode autour de la famille Souriskewitz une allégorie « muridée » des pogroms russes. Sous la menace de chats destructeurs, son patriarche décide en ce sens de quitter la Russie pour, l’espère-t-il, de meilleurs lendemains aux États-Unis ; toutefois son fils, Fievel, aura à cœur de leur compliquer à tous la tâche…
Derrière cette pointe de sarcasme, deux constats prévalent : d’un côté celui faisant écho à ce que nous évoquions plus haut, soit le réconfort et la sécurité émanant du cercle familial et, ainsi, le traumatisme d’une séparation dramatique. De l’autre, il y a les mécanismes dont use à tort et à travers le long-métrage pour faire monter cette même teneur tragique : mais si celle-ci est à même d’embarquer le public jeune sans coup férir, il est désormais difficile d’y adhérer pleinement.
Entendons par-là que la grande majorité de ses rebondissements majeurs, tels que l’attaque des chats et le naufrage du souriceau, reposent exclusivement sur le caractère intrépide, profondément curieux et, disons-le, suicidaire de son « héros ». Il ne s’agit pour autant pas d’exclure de An American Tail tout effet probant, la séquence de la tempête étant à juste titre cauchemardesque, mais l’impact en est alors clairement amoindri. De surcroît, le film pousse même la chose jusque dans une ironie cruelle, le chemin de Fievel s’entrecroisant à de multiples reprises avec celui de sa famille sans, bien entendu, les retrouvailles tant escomptées.
Faisant mine de tirer sur la corde, An American Tail se saborde donc quelque peu, le pompon intervenant lors de ce meeting en plein air où le rejeton égaré chuchotera un plan à Gussie Sourisfeller, plan qui sera aussitôt répété à la cantonade à une foule attentive… parmi laquelle figurent bien entendu ses proches. Il y a aussi un effet roue libre déconcertant, celui-ci s’enclenchant à l’orée de son dénouement « spectaculaire » où le conte rejoint la réalité : ce final explosif met les bouchées doubles pour mettre en déroute ses diables de chats, tout en continuant de tourmenter un Fievel pas au bout de ses peines.
C’est ainsi que, paradoxalement, la réunion finale n’a clairement pas l’impact escompté : sans aller jusqu’à qualifier la séquence de pétard mouillé, nous sommes bien en peine de nous émouvoir de ce dénouement attendu et, surtout, subissant les affres d’un cheminement pataud. Petite déception en somme que ce An American Tail, pourtant bien pourvu formellement et inspiré en termes d’atmosphères.
Créée
le 28 avr. 2021
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