Ryan Coogler retrace avec brio le portrait d’Oscar Grant, jeune Afro-américain dont le destin a chaviré la nuit du nouvel an 2009. Le film est d’une simplicité et d’une efficacité remarquables : simple par le scénario qui à défaut d’être original mérite d’être inspiré d’une histoire vraie et par conséquent, il en dégage une réelle sincérité de la part du réalisateur de nous faire connaître cet homme et les 24 h qui précèdent le final. Efficace par la mise en scène, caméra à l’épaule qui nous plonge dans l’intimité d’Oscar (notamment les scènes avec sa fille ou sa famille).
Les acteurs sont aussi excellents, principalement Michael B Jordan qui grâce à son interprétation arrive à retranscrire avec émotion tout ce qui fait d’Oscar un simple être humain. Les seconds rôles sont très bons également, Melonie Diaz, Octavia Spencer et la petite Ariana Neil apportent cette petite touche de sincérité et d’émotivité nécessaire au film.
Cependant, cette œuvre n’est pas exempte de tous reproches. En effet, elle manque de nuance, on sent un vrai parti pris pour Oscar Grant en appuyant constamment sur ses qualités pour que le spectateur entre dans une empathie totale, mais le fait est que sa marche. Puisqu' il est question d’un retour au passé avec la scène de la prison, il aurait été intéressant de rallonger d’une vingtaine de minutes le film pour nous montrer sa vie avant la prison et le motif clair de son incarcération pour avoir un certain équilibre.
Finalement, cette scène ne sert qu’à introduire le personnage d’un gang, cependant utile pour le reste de l’histoire. Une petite erreur à mon sens sur le début du film en nous dévoilant une partie du final que l’on a du mal à oublier à cause d’un manque de rythme, mais qui peut s’expliquer par un parti-pris de la part du réalisateur au niveau d’un réalisme des faits assumé.
Mais dans Fruitvale Station les erreurs sont minimes par rapport à ce que l’on ressent surtout sur les 20 dernières minutes où la tension et l’injustice sont palpables et nous donnent une sacrée claque jusqu’au dénouement.