Funan est un long métrage d’animation abordant une triste période de l’histoire : le régime Khmer Rouge. Un des plus terribles ayant existé au XXème siècle. Côté animation, il retranscrit bien la beauté des paysages du Cambodge contrastant avec les violences subies par une famille, donnant un point de vue sur une partie de ce qui a été vécu par la population locale, dès la mise en place de ce régime en 1975.
Il a vocation à s’adresser au public le plus large possible, en montrant la violence toujours en hors champs, et en jouant avec les angles de caméra pour cacher des scènes perturbantes pour les plus jeunes. Même l’animation sur les visages minimise les effets de la faim et de la fatigue pour éviter de choquer une partie de son audience. De plus, le scénario n’explique pas les raisons véritables pour lesquelles cette famille subie autant de choses horribles. Ainsi, selon moi, ce film doit être vu dans les écoles ou en présence d’adultes (parents, historien...) afin d’aborder et expliquer, de manière pédagogique, cette sombre période cambodgienne pour aller au-delà de ce qui est véhiculée à travers les images.
Cet avantage éducatif se retourne contre le film car toutes les scènes de tension sont désamorcées par le procédé du hors champs systématique provoquant une absence de surprise sur l’impact de ce que l’on voit, au bout d'un moment, en tant qu’adulte. L’aspect historique est abordé en quelques lignes au début et à la fin du long métrage. Avant d’être délaissé au profit de la recherche d’un enfant par sa mère, bravant milles dangers pour le retrouver, tout en montrant les conditions de détention appliquées par ce régime. Cela donne un côté universel au film en atténuant les conséquences uniques et extrêmes d’un tel régime sur son peuple d’un point de vue scénaristique et formel. En effet, l’ennemi décrit est interchangeable à ceux connus dans l’Histoire.
On est bien loin de la puissance émotionnelle d’un Tombeau des Lucioles. Il a tout de même le mérite d’apporter un témoignage sur le sort du peuple Cambodgien, accessible au plus grand nombre.
Et Cocorico ! Il a obtenu le Cristal du long métrage au Festival d’Annecy 2018 que beaucoup ont découvert en même temps que le magnifique Parvana (Un de mes coups de cœur 2018 : N’hésitez pas à le visionner !!). Dans ces deux films, le point de vue féminin est déterminant dans le déroulement de l'intrigue.
Mon avis reste mitigé dans la mesure où j’ai vu des films plus percutants et instructifs sur ces tristes et funèbres événements.
N.B : Vu au Festival International du Film d’Histoire à Pessac.