Une œuvre à la fois dérangeante & perturbante, d’une rare noirceur et d’un nihilisme saisissant...

Troisième long-métrage pour Dennis Hopper, que l’on retrouve après un passage à vide de 10ans, après sa terrible déconvenue rencontrée avec The Last Movie (1971).


Garçonne (1981) ou "Out of the Blue" narre l’histoire de Cindy, une jeune fille rebelle, troublée et amoureuse d’Elvis Presley. Véritable garçon manqué (d’où le titre français), elle écoute de la musique punk rock et se fait appeler Cebe en référence à la CB des camionneurs puisqu’elle adore les camions. Cebe a développé au fil des ans un fort sentiment de révolte depuis que son père (un alcoolo notoire) est en prison après avoir accidentellement percuté avec son camion un car scolaire et tuant par la même occasion une dizaine d’enfants. Depuis ce terrible drame, elle vit chez sa mère, une camée hystérique qui couche à droite à gauche.


La vie n’a pas été facile pour Cindy, elle était dans le camion le jour du drame, elle en cauchemarde encore la nuit. Elle voit sa mère se shooter et enchaîner les relations, elle ne voit plus son égoïste de père et n’a rien trouver de mieux que d’idolâtrer un chanteur mort.


D’emblée, on comprend à quel point ce film sera d’une rare noirceur et d’un nihilisme qui ne vous laissera pas indifférent. Initialement, Dennis Hopper devait se contenter d’y jouer le rôle du père, mais suite au départ du réalisateur (et scénariste) Leonard Yakir (les producteurs l’ont remerciés, le tournage n’avançait pas et les rushs étaient inutilisables), les producteurs lui ont proposé de reprendre à la hâte la réalisation, sans doute est-ce la raison pour laquelle le film peut paraître brouillon par moment. Il a remanié le scénario à sa guise et a drastiquement raccourcit le temps de présence du psychologue (qui avait le second-rôle).


Il en résulte au final une œuvre à la fois dérangeante et perturbante, un univers white trash comme rarement on l’aura vu au cinéma, entre désillusion et perte de repère. Une mélancolie brute au cœur d’une Amérique désenchantée, brillamment interprétée par la jeune et remarquable Linda Manz (Les moissons du ciel - 1978) et un Dennis Hopper vibrant et touchant.


Un drame familial et social d’une rare dureté, certes inégal mais dont les interprétations valent le détour.


http://bit.ly/CinephileNostalGeekhttp://twitter.com/B_Renger


Film vu dans le cadre d’une intégrale « Dennis Hopper, réalisateur »

Créée

le 21 déc. 2020

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RENGER

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