Les fans de la bande dessinée imaginée par Jim Davis ont frôlé la rupture d'anévrisme en apprenant qu'une adaptation cinématographique alliant prises de vue réelles et images de synthèse allait être réalisée. Imaginez ensuite leur réaction face au rendu final. D'une nullité rare, Garfield n’est, contrairement à la BD, pas drôle du tout. Entendez par là pas drôle pour un être humain dépassant les cinq printemps... En effet, composé d'un scénario télévisuel cousu de fil blanc et de gags puériles destinés aux enfants en bas âge soucieux de voir un chat numérique parlant et tortillant son cul, le long-métrage est une aberration consternante de débilité...
Bien entendu, les scénaristes de cette adaptation se sont foulés pour retranscrire toute la subtilité de l'humour de Jim Davis qui, en deux ou trois cases de BD, arrivait à nous faire pleurer de rire. Ici, on aura droit à des boutades recherchées comme par exemple Garfield qui échange son plat de pâté pour chats avec celui de lasagnes de son maître Jon, Garfield qui tire la chasse d'eau pour que Jon récolte toute l'eau froide pendant sa douche (sincèrement fendard) ou encore Garfield qui arrive à faire tomber le méchant de l'histoire, qui déteste les lasagnes, dans un camion rempli de lasagnes.
Outre son humour délectable et son interprétation mémorable (Bill Murray se mord encore les doigts d'avoir prêté sa voix à la boule de poil), c'est face à des infidélités impardonnables que le fan de la BD va devoir affronter (Jon, habituel loser dans le comics, sort ici avec une bombe sexuelle qui par ailleurs lui offre Odie le chien : on aura tout vu). Quant à la bête, Garfield le nonchalant sans cesse affalé sur un endroit douillet devient ici une pile électrique dansant, sautant de partout, voire même quittant son appartement pour aller sauver la vie d'Odie (son nouveau meilleur ami), kidnappé par un présentateur de TV machiavélique. Bref, alignant les défauts et les ringardises les plus osées. Garfield le film est une énorme déception, certes prévisible, mais difficile digérable. Oh, et c'est également l’un des pires films de l’année 2004 au passage !