Il y a 22 ans a débarqué un film d'animation qui allait devenir un des films les plus cultes de cette décennie. En effet, les années 90 avait vu l'émergence des mangas devenus cultes et des films d'animations de s.f devenue culte. Donc après l'immense claque Akira, c'est Ghost in The Shell d'être adapté par Mamoru Oshii qui a débarqué et marqué les esprits, après le très fun Patlabor (que je vous recommande fortement). Maintenant que le film live a débarqué, il est grand temps pour moi de m'intéresser au premier volet d'une franchise visiblement très alambiquée. Alors qu'en est -il de ce film ? Et bien, on va voir ça.
Une animation et une réalisation unique
Visuellement, il est dans le même ton que les animés comme Akira ou Patlabor. Cependant, c'est le parti pris artistique qui donne tout son sens à l'animé. Le film possède un rythme très lent quand il faut que ce soit lent et rapide quand il faut que ce soit rapide. Le réalisateur a poussé à fond ses intentions de réalisations avec des plans iconiques dont chacun ont du sens (contrairement au film live, mais on y reviendra). La musique donne un ton vraiment unique et une ambiance asiatique et mystérieuse dans un style très cyberpunk. Et les scènes d'actions sérieux...il y en a qui trouve que Saint Seiya Tenkai-hen Josô ~overture a été mal jugé. La différence entre les 2 films est de taille. Ici on a un vrai parti pris artistique, une vraie vision et une bonne exploitation des scènes d'actions, et non le suppositoire langoureux de Saint Seiya (enfin , de l'avant-dernier film Saint Seiya, qui au moins n'est pas la grosse bouse façon Final Fantasy XV). On peut aussi trouver le design très vintage, mais c'est ce qui fait son charme. Chaque plan a un sens précis (on y reviendra avec la critique du film live). On est donc très loin des films d'animations occidentaux à la Disney (attention je ne dis pas qu'ils sont mauvais; rien que le Roi Lion et Mulan sont du même niveau d'utilisation d'outils cinématographiques malgré le peu de subtilités). Bref, on a un film unique en son genre et classe. Quant aux personnages, ils sont à peu près tous géniaux.
Buddy Movie classe
Déjà, le film est un genre que j'aime bien, un buddy movie. On a Motoko Kusanagi (qui a la voix d'Atsuko Tanaka qui double Konan de Naruto et Tania Torrens en vf , la voix de Sigourney Weaver. Oui Sigouney Weaver en Motoko Kusanagi !). C'est l'un des personnages les plus froids que je connais qui a une personnalité très robotique...littéralement. C'est une personne qui a perdu son humanité et est littéralement un robot malgré son ghost. Mais elle est plus proche de Terminator version 2 ou Vision que de Terminator version 1 ou Ultron. Bref, là où dans la plupart des œuvres montrent les robots déshumanisés comme étant des méchants ou des antagonistes, Motoko est une cyborg qui a perdu peu à peu son humanité et qui pose des questions sur l'humain et sur elle même. Je l'aime bien car ce n'est pas un personnage auquel on s'identifie, mais qu'on a envie de découvrir. Ce qui est mille fois mieux.
Batou (Akio Ōtsuka qui double la plupart des acteurs occidentaux badass du style Jean Reno, Wesley Snipes, Nicolas Cage ou Samuel L. Jacson mais aussi la voix d'Hadès de Saint Seiya, Snake de Metal Gear Solid et de l'ancien animé Black Jack en V.O et en V.F c'est Daniel Berreta, la voix de Arnold Schwarzenegger et Retger Hauer...prenons un instant pour savourer) est l'anti-héro Badass. Tout comme le Major, il est aussi un cyborg, mais il a quand même une personnalité de flic incorruptible. Il forme un très bon duo avec Motoko, mais il est plutôt un grand frère protecteur qu'un mari. Comme Motoko, il a un regard assez détaché de l'humanité sauf que lui il ne cherche pas vraiment à comprendre mais à résoudre l'enquête. Le fait qu'il a conservé sa personnalité montre qu'il est plus humain que Motoko, même s'il est conscient qu'il est lui aussi un cyborg. J'adore aussi ses répliques badass.
Les autres personnages sont secondaires mais quand même important.
Aramaki (Tamio Ōki /René Bériard) est le chef de la section 9. Il n'a qu'un rôle de dirgeant et s'occupe un peu de la partie politique (spoiler, le film live va donner plus de consistances, mais on y reviendra)
Puppet Master (Iemasa Kayumi alias Paragus de Dragon Ball Z : Broly le super guerrier /Gilles Tamiz ) n'est pas assez présent et c'est ce que j'appelle qu'il est un antagoniste mais pas franchement un méchant. C'est un projet qui a échappé à ses créateurs qui est en gros un Skynet en moins maléfique.
Togusa (Kōichi Yamadera alias Spike de Cowboy Bebop et Ryuga/Roland de Ramna 1/2 / Pascal Renwick alias Laurence Fishburne et Arnold Schwarzenegger de Terminator 1 et Running Mann) qui est assez anecdotique dans l'ensemble mais qui apporte une touche de présence et d'humanité dans le groupe.
Et enfin Nakamura ( Kōichi Yamadera alias le renard de Dragon Ball et Aldebaran du Taureau/Pierre fucking Joker/Doc Hatet) qui est le responsable de la section 6. C'est un méchant assez anecdotique et là pour donner mettre en valeur le Puppet Master.
D'embryon à petite fille
Pris au premier degré, ce film est une histoire d'enquête banale avec 2 inspecteurs qui doivent trouver ce qui parasite les ghost dans un monde futuriste inspiré de Blade Runner. Dit comme ça, on aurait pu croire que le film est banal, mais non. En réalité, l'intrigue est un prétexte afin d'exploiter au mieux la thématique et les questionnements existentiels. Motoko est un agent déshumanisé au point qu'elle est devenue une agente badass furtive qui n'a aucune gêne de mettre une tenue où on la voit nue et Puppet Master est un être qui a acquis une conscience au point de ne pas avoir la nécessité de se trouver dans un corps mécanique. L'une a de moins en moins conscience d'être humaine (même si elle reste dans le camp des bons) et l'autre a de plus en plus conscience de devenir un être humain. Du coup, Mamoru Oshii applique à la lettre le statut de protagoniste principal et d'antagoniste à l'extrême. Ce qui est pas mal du tout. Et la simplicité de l'intrigue montre qu'on a plus d'espace pour traiter ses thèmes contrairement à l'adaptation filmique (mais on va y revenir) ou pire Lucy . Le seul problème du film est son rythme lent de l'histoire et un sentiment d'inachevé. Mais cela va avec les intentions de base de ne traiter que le thème qui l'intéresse. Ce qui est très bien mais j'ai eu le sentiment qu'il manque quelque chose, malgré une fin plus que satisfaisante.
A la fin, Motoko fusionne avec le Pupett Master et est réincarné dans le corps d'une petite fille fournie par Batou. Elle est devenue un être complet prête à affronter une nouvelle vie
C'est pour ça que dans le style je préfère Matrix qui a mon sens est plus complet et pour en rester aux oeuvre japonaises, Akira ou Patlabor du même Oshii. Ils arrivent à aller bien plus loin dans l'exploitation des personnages et des thèmes. Mais bon, vu qu'il y a une suite centrée sur Batou, je suppose que c'est dans cette suite qu'on aura réponse aux questions restées en suspent
Excellent film d'animation
Bref, ce film n'a pas volé son statut d'oeuvre culte. Il est très bien animé, le thème est intéressant, les personnages sont cools et malgré le rythme lent raconte vraiment bien l'histoire. Je vous déconseille la version 2.0 car c'est une perte de temps. Je n'ai pas vu la suite (les suites visiblement) mais il me tarde de les voir. Quant au film live...à suivre !
Version 100% Ghost In The Shell ici