Ghost in the Shell, un titre qui claque, et qui revient souvent au moment d'évoquer les meilleurs films d'animation futuristes, voire les meilleurs films d'animation tout court.
Doté d'une qualité d'animation quasi sans faille, l'anime de Mamoru Oshii frappe d'emblée par son ambiance visuelle, chaque tableau confirmant un peu plus encore le génie de sa direction artistique. Pluie, enseignes, néons, traque, on pourrait avoir l'impression de se trouver devant une relecture de Blade Runner. Mais le film de Mamoru possède une saveur bien unique, Félicie, Oshii - désolé, il fallait la faire...on comprend aisément que GITS soit l'une des principales sources d'inspiration d'une saga comme Matrix, pour ne citer qu'elle. Par ailleurs, son univers est agrémenté d'une bande son absolument dantesque signée du grand Kenji - non, pas celui-là - Kawai. Ghost démarre sur les chapeaux de roues, par la scène d'introduction grandiose de la superbe Kusanagi notamment. Sa fine équipe n'est pas en reste, et se compose du charismatique Batou, qui fait figure d'épouvantail, et attend le bon moment pour abattre son joker. Et Togusa, ancien flic dont la seule augmentation, contrairement à ses deux comparses, est de nature cérébrale. Un peu vieille école aussi, comme en témoigne son bon vieux Mateba.
Ghost in the Shell est une traque haletante et violente d'un cybercriminel d'envergure, tout autant qu'une quête d'identité pour Motoko. Quelle est la place des cyborgs dans la société ? Quelle est SA place à elle ? Qu'est-ce qui rend l'humain humain dans un monde où une IA douée de conscience peut exister sous une même forme que lui, ou presque ? Véritable rappel des grandes heures de la SF et du cyberpunk, rejoignant K.Dick ou Asimov - de l'implantation de faux souvenirs à la robotique, en passant par des questions mêlant conscience et (cybern)éthique (cyber net hic ?) - et pétrie d'influences diverses, que l'on retrouvera dans nombre de films et de jeux vidéo par la suite, GITS est une oeuvre mature aux nombreuses métaphores visuelles et narratives. Ponctuée de longues scènes contemplatives, mystiques, ces dernières ne perturbent pourtant jamais un rythme implacable. Comme un poisson dans l'eau, Mamoru lance des pistes de réflexion, incite au questionnement (objets inanimés, avez-vous donc une âme/arme ?), tout en laissant le soin au spectateur d'apporter ses propres réponses, voire à soulever d'autres interrogations. Il s'agit là de l'une des plus grandes richesses du chef-d'oeuvre du papa d'Avalon.
Je ne vais pas me lancer dans un comparatif avec le manga de Masamune Shirow, l'ayant lu il y a bien trop longtemps. Concernant l'anime, si ce n'est fait, je ne peux que vous encourager vivement à le regarder. Pour le reste, vous trouverez aisément nombre de critiques plus riches en matière d'analyse de l'oeuvre: le net est vaste et infini.