Regarder un film mythique sur le tard, c'est toujours prendre le risque d'être un peu déçu. Ghost in the Shell n'échappe pas à la règle. Anime de qualité malgré l'âge (bien qu'à mon sens, Miyazaki a fait bien mieux bien avant 1995), l'œuvre de Mamoru Oshii brasse des thématiques cyberpunk classiques qui, si elles ne surprennent guère, sont magistralement mises en scène via le personnage de Motoko Kusanagi, cyborg remettant constamment en cause son humanité. Le spectateur est d'emblée pris par la main et s'interroge de conserve avec l'héroïne sur les notions d'humanité, de conscience de soi, de vie, etc. Le tout sur un fond de polar SF bien ficelé ne sortant cependant pas des sentiers battus.
Ghost in the Shell est un film court (moins d'une heure trente), s'offrant pourtant de longs passages contemplatifs, enchaînant des plans lents sur la conception d'un cyborg, ou dévoilant une Tokyo futuriste superbe dans sa crasse. Canaux, immeubles, vitrines, artères grouillantes ou désertes. Le tout agrémenté d'une musique mystique collant parfaitement au défilé d'images.
L'univers est plus suggéré qu'expliqué. Je suppose que toute personne non biberonnée aux canons du genre cyberpunk peut se sentir légitimement larguée au début. Je subodore également que lire les mangas d'origine participe à une meilleure expérience du film.
En fait, je suis sorti de la séance un peu frustré. Je comprends que l'histoire puisse titiller des réflexions existentialistes chez certains, d'où cette aura culte qui émane autour de Ghost in the Shell. Le propos du film reste à mon sens assez simple, les thématiques vues et revues. J'aurai personnellement souhaité un peu plus de temps passé sur l'univers en tant que tel, son fonctionnement, ses arcanes, ses ramifications... Les thèmes développés auraient gagné en puissance en s'appuyant sur un background plus dense, plus présent dans l'imaginaire du spectateur.
Critique du manga.