Plus de 100 000 000 $ de budgets (sans compter l’inflation, sinon on en serait à 700 000 000), soit le film le plus cher de l’histoire du cinéma, plus de 120 000 figurants dont quelques-uns prêtés par l’armée Rouge, plus de 300 rôles, d’immenses et longues scènes de batailles d’un réalisme impressionnant, 6h44 de films, énormément de costumes réalisés avec soin…
Autant le dire tout de suite, Ben Hur, Cléopâtre, Les 10 commandements ou autres grosses productions Hollywoodienne peuvent aller se rhabiller.
Finalement, et bien aidé par l’état Soviétique, cette adaptation du roman de Léon Tolstoï nous racontant l’histoire de la Russie entre 1805 et 1820 et plus précisément durant les campagnes de Napoléon 1er tout en s’attardant sur le sort de familles de l’aristocratie russe en particulier et du peuple en général s'avère à la hauteur de tous les moyens mis en œuvre et de sa réputation.
Au bout de ses presque sept heures de films, on en ressort marqué, c’est (très) rare et presque unique de visionner un tel monument.
Sergueï Bondartchouk divise le film en quatre chapitres, Andreï Bolkonski (lui-même divisé en deux parties), Natacha Rostov, 1812 et Pierre Bezoukhov.
Déjà la longueur n’est aucunement un problème, bien au contraire il fallait au moins cela pour retranscrire toute la richesse du récit, et Bondartchouk le fait à merveille. Il bénéficie d’une excellente et grande richesse d’écriture, il rend son récit passionnant de bout en bout, tout comme les personnages et les relations qu’ils entretiennent, notamment Pierre Bézoukhov et Natacha Rostov qui sont particulièrement attachants et intéressants. Il aborde intelligemment divers thèmes autour de la guerre, l’amour, les conventions, l’amitié ou encore le nationalisme tout en retranscrivant à merveille les enjeux, qu’ils soient historiques ou dramatiques.
La reconstitution est extraordinaire, que ce soit au niveau des paysages, des costumes ou encore des décors et aident à rendre certaines scènes encore plus magistrales, notamment quelques batailles et surtout la fabuleuse scène de bal de Natacha. Bondartchouk ne laisse strictement rien au hasard, il est techniquement audacieux et au sommet, notamment au niveau de ses plans, et donne une atmosphère fascinante à son film, tout en utilisant très bien les voix-off, à l'image de la scène de bal.
Du côté des interprétations c’est là-aussi remarquable et en particulier Lioudmila Savelieva (qui d’ailleurs a une ressemblance avec Audrey Hepburn, qui joue le même rôle dans l’adaptation américaine de King Vidor sorti quelques années auparavant).
C’est bel et bien un monument que nous livre Sergueï Bondartchouk avec Guerre et Paix, justement récompensé par l’oscar du meilleur film étranger, un magnifique et passionnant spectacle où se mêlent émotion, guerre ou encore réflexion.
Du très grand cinéma.