« Encore un ? Mais c’est quoi ce nouvel Halloween, un reboot ? Hollywood ne sait jamais s’arrêter avec les sagas horrifiques. » Très honnêtement, je comprendrais tout à fait ces commentaires sur le dernier Halloween de David Gordon Green. Sans même juger de la qualité du film, il faut reconnaître que les nombreuses sagas horrifiques ne nous ont pas habituées à des suites de grande qualité. C’est le moins que l’on puisse dire. La plupart des suites, reboots ou spin-offs (Vendredi 13, Halloween, Annabelle…) n’ont pas redoré le blason du genre de l’horreur. Pour trouver de la qualité dans le genre de l'horreur depuis quelques années, il faut jeter un œil aux plus petites productions, aux projets davantage méconnus avant leur entrée au box-office (It Follows, Sans un bruit, Hérédité…) ou à James Wan, tout simplement.
Pourtant, ce projet d’Halloween 2018 paraissait plus sérieux dans un sens que certains de ses prédécesseurs. Jamie Lee Curtis est de retour et semble ravie. John Carpenter est également de retour à la composition, en sachant qu’il a validé le script et l’annulation des suites au volet originel de 1978. On sait bien que ça ne veut pas tout dire, mais ça part d’un bon pied. Et quel pied pardi !
Compte tenu de mes réelles attentes et de ce que j’imaginais, j’ai reçu une claque en pleine figure. Le film m’a bluffé. On a enfin eu droit à une suite digne de ce nom, une suite qui ne se la jouait pas remake déguisé. Il est évident que tout au long du film on a droit à quelques gros clins d’œil, des scènes miroir au premier volet. Mais en ce qui concerne le scénario, sans vouloir faire de blasphème, je préfère ce volet 2018. Pour plusieurs raisons, mais d'abord parce qu’il implique trois générations de femmes qui vont devoir affronter Michael Myers, et que chacune d’entre elles sont des bons personnages. Laurie Strode, traumatisée de l’évènement d’il y a 40 ans, est incroyablement charismatique. C’est un mix entre la Frances Mcdormand de Three Billboards et la Sarah Connor de Terminator 2. La fille, dont l’adolescence a été fichue en l’air par la mère, fait tout pour oublier cette éducation cauchemardesque. Enfin, la petite-fille, naïve, insouciante et proche de la grand-mère, tente tant bien que mal à recoller les morceaux entre sa mère et sa grand-mère. C’est rare de voir trois personnages aussi intéressants dans un slasher. Et pour revenir à cette version 2018 de Laurie Strode, c’est sans aucun doute le meilleur personnage de tous les slashers réunis. En mettant de côté les bad guys, cela va de soi. Puisque ce Michael Myers est mythique, encore plus flippant que la version de Rob Zombie.
La scène où il tue les deux journalistes fera date. Elle est d’une violence telle qu’elle en devient presque attrayante. J’ai trouvé ça génial, presque jouissif. C’est tout ce dont j’espérais intuitivement de ce Myers. Enfin la scène finale, le climax de fin où Laurie Strode est confrontée à Michael, fait définitivement partie de mes scènes préférées du genre de l’horreur, tous films confondus. La tension lorsque Laurie cherche Michael pendant cinq minutes dans cette maison obscure et repoussante est dingue. Le face à face tant attendu ne déçoit pas.
Le scénario réussit à nous en mettre plein la vue sans aller dans l’excès. Il y a une scène ou deux que je n’aurais pas mise mais dans l’ensemble le réalisateur a compris qu’il faut jouer de la non présence de Michael Myers pour effrayer davantage. Le film est sacrément stressant, chose que l’on se doit d’attendre d’un Halloween mais qui avait bien disparu des suites de Carpenter et de Rob Zombie.
Concernant les aspects plus techniques, le film ne ménage pas ses efforts. Il a sans contestation possible une des plus belles réalisations des slashers. On a de beaux plans et de très bonnes idées de réalisation. Pour effrayer, les jump scare sont bien entendu présents mais d’autres dispositifs sont utilisés, comme les jeux de lumière, les mouvements de caméras ou l’absence totale de son.
Il est peu probable que ce film fasse l’unanimité (vu la définition intrinsèque du genre) mais il comblera probablement les fans de la première heure de la saga, ou tout simplement des adeptes de l’épouvante. A la manière d’un James Wan, le film sait bien gérer ses temps dit faibles, où la tension est censée redescendre, pour nous maintenir dans une zone inconfortable. J’ai savouré les trente dernières minutes, le stress atteignant un point culminant avec deux scènes, dont celle de la voiture qui finira elle aussi dans les arcanes de l’épouvante.
Je suis d’autant plus satisfait et positif que c’est exactement comme cela que les suites d’épouvante devraient être faites à mon sens. Un scénario qui respecte ses prédécesseurs, tout en proposant quelque chose de bien différent et de novateur avec une tension jamais disparate. Quoi de mieux que de fêter le mois de l’horreur et Halloween avec une telle perle.