À la suite d’un bien piètre volet, Harry Potter et l’Ordre du Phénix revêtait une double importance à mes yeux : ne pas réitérer les déboires de son agaçant prédécesseur, et transposer intelligemment ce qui s’apparente, de mémoire, à mon volet favori de la fameuse saga littéraire.
Mike Newell n’ayant pas rempilé, à l’image de Steve Kloves au scénario (pour ce film seulement), David Yates prit les rênes du cinquième opus pour le meilleur et pour le pire, le bouquin original étant de fait le plus fourni des 7 ; jusqu’ici inconnu du grand public, la marche paraissait ainsi bien haute pour le cinéaste britannique, alors prétendument choisi pour sa direction d’acteur efficace… un symbole d’espoir des plus pertinents vis-à-vis de La Coupe de Feu ?
Comme de juste, et autant démarrer par là, on constate qu’il y a du mieux du côté des interprétations phares : Daniel Radcliffe, coupe de cheveux concernée, paraît tout retrouvé comme impliqué au gré d’une performance éclipsant son précédent passage à vide, tandis que Michael Gambon confère enfin un semblant de prestance au grand Dumbledore, celui-ci trouvant notamment son heure de gloire dans une confrontation finale ébouriffante.
À l’image d’un Ralph Fiennes comme un poisson dans l’eau (et quelle classe), ou encore d’une Imelda Staunton dans un rôle taillé sur mesure (que dire d’Helena Bonham Carter également), le casting respire une crédibilité de tous les instants, et fait mine de renvoyer à un récit, cette fois-ci, maîtrisé : en ce sens, cet Harry Potter et l’Ordre du Phénix prend le temps de poser les choses, ni plus ni moins, et dieu que cela fait du bien après un quatrième film filant à toute allure !
Certes, au regard d’une telle quantité d’informations le fait de condenser le bouquin était inévitable, et les critiques acerbes ne manqueront pas de s’en prévaloir, mais il n’en demeure pas moins que ce long-métrage remplit son office en assurant l’essentiel ; entre une trame consciencieuse, des transitions malignes contournant le problème pur et dur de l’adaptation, et enfin le développement probant de ses protagonistes (même Sirius Black y a droit), L’Ordre du Phénix met du baume au cœur tout en se posant comme un divertissement solide… indépendamment du roman éponyme.
Comme suggéré, on trouvera surtout à y redire en ce qui concerne la transposition même, quelques modifications et autres détails croustillants brillant de par leur absence pouvant décevoir, d’autant qu’il y aurait eu largement la place d’allonger avec cohérence le film (d’une durée bien faible, ce qui est d’autant plus étonnant vis-à-vis du total de page avoisinant le millier pour le bouquin) ; dans les faits, celui-ci aura été certainement trop succinct en ce qui concerne des révélations majeures (notamment à sa toute fin entre Harry et Dumbledore), ceci reflétant de toute façon une trame correctement adaptée mais fort imparfaite dans l’absolu.
Quand bien même, David Yates semble s’en être plutôt bien tiré au bout du compte, car outre une intrigue résolument efficace comme prenante le film arbore un visuel convaincant, si ce n’est de par quelques effets spéciaux traduisant une liberté artistique fantasque (les mangemorts volent dans le bouquin ?), ou encore une photographie ne transpirant pas la même magie que dans les opus précédents (à l'instar d'une mise en scène convenue)… telle sa BO pas toujours juste mais globalement satisfaisante, la forme de cet Ordre du Phénix s’avère à priori réussie, bien que perfectible.
Même en ayant conscience d’une possible surestimation de la présente œuvre (qui tire un bénéfice clairement favorable de la comparaison avec le moyen HP et la Coupe de Feu), le principal est fait en somme, alors bien joué Monsieur Yates.