"Hook" est un film qui n'aura jamais cessé de me fasciner. Depuis que je suis tout gamin, il est le film que j'ai vu le plus de fois (plus ou moins 30 fois). C'est en fait tout l'univers de Peter Pan qui m'a toujours émerveillé.. Mais ce film de Spielberg est un véritable coup de génie, à condition de prendre ce film pour ce qu'il est, à savoir une suite au livre de Barrie. Ayant enfin découvert récemment l'œuvre de Barrie, que je n'avais, honteusement, jamais lue, j'ai revu ce film, ayant en plus commandé le Blu-Ray. Et en le revoyant, cette fois-ci avec un regard de connaisseur de cet univers, et surtout un œil plus adulte et cinéphile, je me suis surpris à encore plus aimer ce film.. En réalité, je pense que quand on aime l'univers de Peter Pan, on aime "Hook". Et quand on est fan du livre de Barrie, on est amoureux de "Hook". C'est en tous cas ce qui m'est arrivé.. Et je me dois de déclarer ma flamme à ce film à travers cette critique. "Hook", c'est l'un des projets de suite les plus casse-gueule qui aient pu exister (faire grandir Peter Pan, qu'est-ce que ça faisait peur..), mais c'est aussi et surtout l'une des meilleurs suites du monde. Et c'est même le meilleur film concernant cet univers à mes yeux.
"Hook" est sans doute un film avant tout destiné aux fans de l'univers et du livre de Barrie, c'est certain. Il est fortement possible d'apprécier le film quand on ne l'a pas lu, mais pour l'adorer au plus haut point, il faut l'avoir lu..
Tout d'abord parce que certaines références et certains clins d'oeil risquent de nous échapper si ce n'est pas le cas. En effet, le film contient énormément de clins d'oeil tels que les pirates qui amènent la planche, le cri de Peter, ou le Tic Tac qui effraie Crochet. Mais aussi de citations directement en lien avec le livre, telles que "Tous les enfants, à l'exception d'un, finissent par grandir", ou encore "la mort peut être une belle aventure" et "Mentir ? Moi ? Jamais, la vérité est bien trop amusante", dites par Crochet, alors que ces phrases étaient dites par Peter dans le livre original, tel un symbole.
Mais aussi parce que certaines scènes ne peuvent être chargées émotionnellement que si on connaît bien toute l'histoire. C'est le cas de scènes telles que les retrouvailles au début du film entre Peter et Wendy.. Ou celle où il retrouve la cabane des enfants perdus, celle où il a vécu toutes ses aventures.
Le mélange de la réalité et de la fiction donne un contraste parfait.. Mettre des aspects "réels" avant de partir au Pays Imaginaire, tels que mentionner J. M. Barrie, créateur de Peter Pan, comme étant un voisin ayant connu Wendy et Peter, ou encore voir un extrait de la pièce de théâtre, donne déjà un mélange de réalité et de fiction.. Avant de partir au Pays Imaginaire et de laisser partir toute réalité pour que la magie de l'imaginaire puisse opérer. Tout en gardant l'enjeu majeur de l'histoire, un Peter adulte qui veut récupérer SES enfants, pour bien nous rappeler que malgré tout, Peter n'est plus l'enfant qu'il était.
Mais si ce film fait fort, c'est parce que malgré son projet hyper casse-gueule de faire une suite à une oeuvre pour laquelle une suite est justement difficilement envisageable, il respecte parfaitement les personnages originaux. Certains d'entre eux ont grandi, mais leurs traits de caractère sont respectés. On a donc un total respect de l'œuvre à laquelle le film fait suite. Mais encore une fois, il vaut mieux avoir lu le livre pour bien s'en rendre compte.
Au début du film, on voit que Peter, en vieillissant, a changé. Il est devenu adulte et est donc devenu exactement ce qu'il méprisait. Et pourtant, il est malgré tout resté le même au fond de lui. Dès le départ, dans le monde réel, même adulte, on voit chez lui une part d'enfant, un peu gamin, avec le talkie-walkie ou encore son petit clash sur le chauffeur. Comme quand il était enfant, il donne de l'importance à ce qu'il veut. On le remarque aussi à travers son métier, grâce auquel, comme le dit son fils, il vole au secours des sociétés en danger. Même si il a perdu sa personnalité, il garde certaines caractéristiques qui vont lui permettre de redevenir lui. L'évolution est parfaite.. Dès qu'il arrive au Pays Imaginaire, il redevient gamin (quand il imite un pirate), mais le fait mal.. Plus on avance dans le film, plus il redeviendra gosse.. Le seul trait qu'il ne retrouve pas, c'est le trait que beaucoup de monde ignore de lui : le côté tueur. Presque personne ne le sait, mais dans l'oeuvre originale, Peter tue les enfants dès qu'ils grandissent trop à son goût. Ici, c'est la seule caractéristique qu'il ne retrouve pas, mais c'est amplement justifié et logique, puisque qu'il reste avant tout un adulte. Là où dans l'oeuvre originale il était un enfant qui restait enfant tout en se comportant comme un adulte, Peter est ici un adulte qui reste adulte tout en se comportant comme un enfant. N'oublions pas qu'il n'est pas revenu pour de nouveau régner et faire régner l'enfance, mais pour récupérer ses enfants.
Wendy est restée cette femme protectrice mais ayant la tête sur les épaules. Mouche est parfaitement identique au personnage créé par Barrie, une espèce de faux pirate comique et pas méchant pour un sou, fidèle bras droit de Crochet, à l'aspect comique. Et puis Crochet, ce fameux capitaine sanguinaire, grand méchant, dominateur, qui veut se faire respecter, mais qui a un petit côté drôle par son faux diabolisme.
Ajoutez à tout ceci une bande-originale absolument magistrale de la part d'un légendaire John Williams au top de sa forme, au sommet de sa carrière.. Des musiques qui collent aussi bien à l'univers qu'à l'ambiance du film : un voyage imaginaire, un conte.. C'est peut-être ma bande-originale favorite tant elle me fait voyager, je lisais d'ailleurs le livre de Barrie en ayant cette BO dans les oreilles. Le tout avec un humour très bon enfant, qui nous replonge parfaitement au plus profond de notre enfance..
Les seules incohérences potentielles qu'on puisse trouver son minimes. La première serait le fait de voir Clochette en vie, alors qu'il est fortement sous-entendu à la fin du livre qu'elle était morte.. Mais ce n'était qu'un sous-entendu, la seule chose dont on soit certain étant que Peter ne la côtoyait plus, c'est donc acceptable, d'autant plus que c'est grâce à elle que la magie opère et que l'imaginaire est introduit dans ce film.
La seconde est que les enfants sont censés, eux aussi, avoir grandi. A la fin du livre, il est dit que chacun des enfants a été adopté par la famille de Wendy.. Or, ici, les enfants perdus de "Hook" sont bien les mêmes (même les jumeaux sont là !). Ils se souviennent de Peter, ce sont donc bien les mêmes gosses.
La troisième et dernière possible incohérence est elle aussi un peu superflue, et concerne le Capitaine Crochet, et donc sa "résurrection". Tout le monde le sait, il est supposé avoir été avalé par le crocodile. Comment s'en est-il sorti ? Ce n'est pas dit clairement, c'est tout juste mentionné rapidement par Mouche, que l'on entend rappeler à Crochet qu'il a tué le crocodile. Pour le reste, rien n'est dit.. Mais pour un film dont l'un des thèmes principaux est l'imaginaire, il est un peu normal de nous laisser un peu de quoi imaginer, laisser un peu de mystère. Oui, là c'est peut-être un peu de la mauvaise foi, mais je vous em.. Je m'en fiche. Il faut bien laisser quelques libertés à Spielberg, d'autant plus quand c'est lui qui a le mieux cerné l'univers de Peter Pan.
Je tenais à terminer en rendant deux hommages.. Le premier hommage concerne Steven Spielberg. Ben oui, pas besoin d'attendre que les personnes décèdent pour leur rendre hommage. Je tiens donc à remercier monsieur Spielberg pour avoir réalisé cette pure merveille qu'est "Hook", pour m'avoir fait voyager autant de fois quand j'étais gosse et de continuer à me faire voyager encore aujourd'hui. Pour avoir su donner un rôle à Robin Williams qui représente parfaitement ce qu'il a toujours été : un enfant dans un corps d'adulte. Pour avoir réussi à me procurer autant de frissons et d'émotions fortes à chaque visionnage de ce film, notamment avec des scènes toutes aussi sublimes les unes que les autres.. La scène du banquet, celle des adieux de Peter aux enfants perdus, celle des flash-back et de la pensée agréable, ou encore la bataille et la scène où un enfant touche le visage de Peter en disant "ouh, tu es là Peter !".. Tant de scènes qui me foutent les larmes aux yeux ou me font voyager dans un monde parallèle.. Merci, Ô grand Steven, pour avoir contribué à faire du cinéma ma passion, notamment grâce à ce chef-d'œuvre.
Le second hommage est destiné au regretté Robin Williams.. Ce grand monsieur, que dis-je, ce monument du cinéma et de la scène. Cet homme merveilleux, cet artiste hors pair, cet acteur hors du commun.. Robin Williams, l'homme que j'ai longtemps considéré comme mon deuxième acteur favori, mais qui passe maintenant numéro 1 dans mon esprit. Ce mec fabuleux qui sait jouer tous les rôles, qui peut te faire passer du rire aux larmes d'une scène à l'autre, qui peut te donner des frissons de joie et de tristesse d'un film à l'autre.. Cet homme aussi généreux que talentueux qui m'a toujours fasciné, et qui me fascine encore aujourd'hui aussi bien parce que je découvre encore ses films tant il a joué dans sa carrière, mais aussi parce que même en revoyant les films que j'ai déjà vu il me fait rêver. L'artiste que j'admire tant que j'ai pleuré la nuit où j'ai appris sa mort en faisant par la même occasion une nuit blanche, et pour lequel je n'ai, pour une fois, même pas honte d'avouer mes larmes. Alors, pour l'ensemble de votre oeuvre, mais avant tout pour ce rôle-ci, monsieur Robin Williams, où que vous soyez à l'heure actuelle, je n'ai qu'un mot à vous adresser : merci.