Seth Holt a très peu de film au compteur et la plupart reste assez méconnus. A la découverte de ce Scream of fear on ne peut que le regretter tant il parvient - à partir d'un scénario de machination paranoïaque pour le moins tiré par les cheveux - à tirer son épingle du jeu.
L'ambiance est ténue, lente, assez morbide, vraiment angoissante, la lumière sublime, le noir et blanc magnifique, la mise en scène discrète mais très efficace, insufflant à chaque scène choc une véritable et frappante noirceur qui continue d'imprimer la rétine durablement plus de cinquante ans après. On sent vite, dès les premières scènes, qu'on tient là un Hammer flick de tout premier choix et dont on en peux s'empêcher de penser que Coppola - en réalisant deux ans plus tard son Dementia 13 pour Roger Corman - avait sans doute puisé là pas mal de son inspiration.
Porté par un casting très solide, avec la superbe et convaincante Susan Strasberg, la parfaite Ann Todd et l'excellentissime Christopher Lee en second couteau de luxe, le film ne cesse de surprendre et chaque fois que le germe d'une critique nous vient quand au scénario - pourtant souvent bancal - Holt nous frappe d'un plan inoubliable qui abolit instantanément tout bémol et réduisant à néant tout chipotage au profit d'une pure jouissance de série B.
Un Hammer thriller grand cru, étrangement assez peu connu, mais à découvrir séance tenante.
Un tel plaisir cinéphile ne se boude que par ceux qui pissent froid ou vinaigrette.