Amis du bon goût et de la poésie, au revoir ! « Crank » est le premier film du duo Mark Neveldine & Brian Taylor, qui se sont faits un petit nom dans les années 2000 avec leur trashitude. Et qui semblent avoir disparu de la circulation depuis 2011…
Le film démarre sur les chapeaux de roue, avec un postulat simple et efficace. Chev est un tueur professionnel, et apprend en se réveillant qu’il a été empoisonné. Seule solution pour retarder son trépas : maintenir un niveau élevé d’adrénaline. Ce qui implique de faire tout et surtout n’importe quoi !
Comme en témoignent son (court) générique et les plans introductifs tournés à la 1ère personne, « Crank » semble avoir été pensé comme une adaptation vidéoludique. En particulier, la franchise GTA, avec un protagoniste criminel qui met le souk dans la ville, et cherche à régler ses comptes. De nombreux clins d’œil plus ou moins explicites viendront confirmer cette impression. Sauf que les jeux GTA, ils ont un scénario !
Durant seulement 1h28, « Crank » a visiblement été construit comme un délire régressif qui ne s’embarrasse pas d’une histoire digne de ce nom. On est là pour voir Jason Statham défourailler du gangster et du flic, avec occasionnellement des bimbos vulgaires et dénudées dans le décor (là on a dépassé le stade du sexisme !). Passons aussi sur le fait de voir des Triades hong-kongaises employer des émissaires… coréens !
La mise en scène a cependant le mérite de casser les codes. Les réalisateurs ont chacun utilisé une caméra DV pour filmer les séquences. La légèreté des caméras et le numérique leur permettant de nombreuses audaces, des points de vue assez inhabituels, des zooms et autres mouvements frénétiques.
Sauf que ça reste très moche et mal foutu ! L’image a souvent cet aspect délavé, les prises de vue paraissent hasardeuses, le montage est chaotique à souhait (la fusillade finale est un énorme ratage), et les incrustations sur fond vert sont immondes.
« Crank » apparait donc comme un délire d’ado de mauvais goût, un clip vulgaire, stérile, et faussement punk.
Du positif tout de même. Jason Statham qui se lâche et se ridiculise régulièrement. Il n’est d’ailleurs pas certain qu’avec son statut il accepterait aujourd’hui de tourner un machin pareil… Et beaucoup de cascades réelles, y compris un rapide affrontement dans un hélicoptère au-dessus de LA. Ce qui est toujours appréciable, et assez étonnant au vu du budget limité (12 millions de dollars).