Après Aspen (1991) & Belfast, Maine (1999), Frederick Wiseman poursuit son travail en brossant un troisième portrait communautaire et nous immisce cette fois-ci au cœur de Jackson Heights, dans le Queens à New York. Sans nul doute, le quartier le plus cosmopolite de la grosse pomme, tant au niveau ethnique que culturel (on y parle plus de 165 langues !). La pluralité de la population fait que l’on y retrouve des immigrés des quatre coins du globes (du Mexique, d'Amérique du Sud, du Moyen-Orient, de l’Afrique, de l’Asie ou encore de l’Europe). Du simple citoyen au détenteur de la "carte verte" en passant par le sans-papier, tous se sont parfaitement intégrés au quartier, ils l’aiment et entendent bien participer à la vie en communauté. Ajouter à cela, que l’on y trouve aussi l’une des plus importante communauté LGBT new-yorkaise.
Sur 120 heures de rushs (filmées pendant près de 9 semaines), le réalisateur en a conservé un long-métrage de 190min, très dense, nous permettant de mieux découvrir ce quartier définitivement pas comme les autres, où le multiculturalisme prend tout son sens. Le réalisateur (de 86ans) s’insinue partout où il peut et nous donne l’occasion d’assister à toutes sortes de réunions sur la vie associative qui régit ce quartier (associations LGBT, juive, sud-américaine, musulmane, 3ème âge, …), il s’intéresse aussi aux petits commerçants qui tentent de survivre contre la gentrification (l'inflation des loyers les impactent fortement, sachant que les petits commerces sont principalement tenus par des immigrés), d’ailleurs, on assiste à un cas concret avec l’enseigne GAP qui, pour s’installer à Jackson Heights, a dû absorber 7 à 8 baux commerciaux, mettant ainsi à la rue bon nombre de petits commerçants.
Le réalisateur semble prendre un malin plaisir à laisser trainer sa caméra où bon lui semble, filmant d’innombrables tranches de vie, notamment dans les nombreuses échoppes du quartier (une boutique de tattoo, une école coranique, un magasin d’articles catholiques, un cours de danse orientale, un toiletteur, ainsi qu’un marché de volailles vivantes halal où un boucher égorge des poules, tourné vers la Mecque tout en faisant ses invocations).
Des rencontres et des débats passionnants, donnant une toute autre image du quartier (pour celles et ceux qui y seraient déjà allé, cela donne l’occasion d’en apprendre plus, de voir différemment la population locale). On assiste même à la préparation à l’examen d’accès à la nationalité américaine ainsi qu’à l’obtention du permis pour devenir chauffeur de taxi (nous permettant d’assister à une séquence très amusante sur un exercice mnémotechnique des points cardinaux).
Comme à son habitude, Wiseman brosse un portrait passionnant et invite à découvrir la richesse de tout un quartier et rappelle s’il ne le fallait encore, les bienfaits du multiculturalisme.
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➽ Film vu dans le cadre d’une intégrale « Frederick Wiseman »