Quatre peintres en bâtiment font irruption dans la Manhattan Trust Bank. Cagoules & lunettes, ils avancent masqués et prennent en l’otage tous les protagonistes qui ont le malheur de s’y trouver. Ces braqueurs sont loin d’être des amateurs, ils savent pertinemment ce qu’ils viennent chercher. Le fondateur de la banque et une mystérieuse négociatrice sont les seuls à être au parfum, face à la police qui s’imagine qu’ils sont là pour l’argent. Au cœur de ce braquage hors norme, de lourds secrets refont surface, pour le bonheur des uns et le malheur des autres. Que peut bien renfermer le coffre 392 pour qu’une bande de malfaiteurs veuille s’en emparer ?
Pour une œuvre de commande, Spike Lee peut se targuer d’avoir réussi haut la main son film de braquage qui fleure bon l’Amérique post-11 septembre. Le réalisateur est clairement là où on ne l’attend pas, un cinéaste engagé et à la filmographie des plus éclectique (Do the Right Thing - 1989, Malcolm X - 1992 ou encore La 25ème heure - 2002) qui se lance dans un tout nouveau registre et nous offre ici un film de braquage minutieux, intelligent et brillant de bout en bout.
Subtile dans ses moindres recoins, avec ses innombrables fausses-pistes et/ou rebondissements, avec des personnages secondaires qui viennent apporter une saveur supplémentaire au film. Un huis clos qui n’est pas sans rappeler Un après-midi de chien (1975) de Sidney Lumet, sauf que cette fois-ci, le braquage ne va pas virer au fiasco et que la tension ne va cesser de se faire ressentir au grès d’une mise en scène millimétrée, prenante et soignée (avec quelques plans qui ne passe pas inaperçu comme ce plan en "Floating Dolly" où l’acteur est filmé immobile lors d’un travelling avec un arrière-plan en mouvement, une technique que le réalisateur avait déjà utilisée à quelques reprises).
Bien évidemment, ce film ne serait pas ce qu’il est sans cette magnifique distribution où se croisent de très grands acteurs (Denzel Washington & Clive Owen excellent face à Christopher Plummer, Jodie Foster, Willem Dafoe ou encore Chiwetel Ejiofor). Spike Lee ne se cantonne pas simplement à mettre en scène un film de braquage, il en profite aussi et surtout pour égratigner l’Amérique d’aujourd’hui (malgré son multiculturalisme et son melting-pot, elle n’en reste pas moins raciste) et dénonce par la même occasion
l’argent spolié aux Juifs durant la Seconde Guerre Mondiale.
A noter qu’une suite à vu le jour en catimini, intitulée Inside Man : Most Wanted (2019), elle n’a de lien avec l’œuvre de Spike Lee que son titre et quelques éléments bêtement capillotractés.
(critique rédigée en 2012, réactualisée en 2021)
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➽ Film vu dans le cadre d’une thématique « Braquage »