Après l'échec aussi injuste que cuisant de sa comédie d'action fantastique (pourtant sympathique) Les Aventures de Jack Burton dans les Griffes du Mandarin, John Carpenter décide de se remettre à ses premiers amours : le fantastique. Doté de budgets plus restreints, le réalisateur/critique va néanmoins parvenir à réaliser l'un de ces meilleurs films. Tourné quasi-simultanément avec Prince des Ténèbres, Carpenter livre son côté nihiliste à l'excellence avec Invasion Los Angeles.
Le scénario est brillamment mis en scène par une réalisation lente mais efficace, aux effets spéciaux certes réducteurs mais néanmoins opérants, comme ce souci du détail lorsque John enfile les lunettes et les ré-enlève, voyant tour à tour la manipulant des extra-terrestres sur nous autres humains aveuglés par des publicités mensongères et des filouteries prometteuses. Parce que, comme toujours, John Carpenter ne pond pas un film sans arrière-pensée et cette « invasion » n'est qu'un prétexte pour critiquer cette société incrédule face au système.
Les acteurs s'avèrent immédiatement attachants, en particulier notre duo explosif Roddy Piper et Keith David, se dernier retrouvant Carpenter six ans après The Thing. Ils parviennent à remarquablement tenir leur rôle en haleine jusqu'au final totalement explosif. La musique de Carpenter est comme à son habitude excellente. Seul point négatif de ce film excellent qui vieillit très lentement : la « fameuse » longue scène de bagarre entre John et Frank (sept minutes !). Pour le reste, c'est du tout bon : Invasion Los Angeles reste un classique du genre.