Le film le plus politique de Carpenter. Un brulot contre les années Reagan aux Etats-Unis. Une dénonciation en règle de la société de consommation, de qui en paye le prix et à qui elle profite. Un film anti-capitaliste qui nage à contre courant de tous ces films anti-communistes de l'époque (un peu comme Les Temps Modernes de Chaplin). Un film politiquement incorrect car Carpenter s'amuse à faire tirer son héros à bout portant sur des policiers, des employés de banque,...
Reste que c'est un film indépendant à petit budget, et qu'il possède donc la facture d'une série B. Il ne faut pas y chercher la pureté stylistique de films comme The Thing ou L'Antre de la folie (produit par des studios).
Du coté des acteurs on peut reprocher le fait que Carpenter ait choisi Roddy Pipper plutot que Kurt Russel pour jouer John Nada. mais quelque part, Roddy Pipper est plus proches d'un ouvrier pas très malin et SDF que Kurt Russel pourrait l'être (de plus Pipper à connu la vie dans la rue), et sa performance n'est pas si mauvaise que ça (rappelons que c'est un catcheur à la base).
Enfin on peut dire que They Live (titre original inspiré du slogan They live, we sleep - ils vivent, nous dormons)'est un film qui nous ouvre les yeux: le cinéma de Carpenter devient les lunettes de la conscience, il retire les différents filtres de réalité qui nous mettent en couleur et dévoile la triste grisaille bien réelle du monde. Carpenter se bat avec nous pour nous faire chausser ces lunettes (tout comme Nada se bat avec son ami pour le forcer a voir ce qu'est le monde) afin de nous permettre de constater que pour ceux qui se trouvent tout au dessus , nous ne sommes rien, tout comme son héros John Nada (qui signifie rien).
Un grand film de Carpenter avec un message plus d'actualité que jamais.