Deuxième long-métrage de Roland Emmerich après son film d'étudiant L'Odyssée de l'Arche de Noé, Joey est une curiosité méconnue du grand public, tourné en anglais avec un casting allemand et dont les principaux jeunes protagonistes, non-acteurs, ont été sélectionnés dans des écoles. Sorti en salles en France en 1987, soit deux ans après sa sortie originale, le film est une énigmatique aventure fantastique bordélique voire sans queue ni tête qui, si elle présente toutes les tares d'un jeune cinéaste, constitue néanmoins un ratage plutôt impressionnant...
La version française étant calquée sur le montage américain, amputé d'une vingtaine de minutes, le visionnage en est d'autant plus compliqué puisqu'il manque avec évidence des plans d'insert et de raccords, rendant le tout extrêmement peu cohérent. Nous suivons ainsi l'histoire de Joey, un gamin dont le père vient de mourir et qui peut, on ne sait comment, communiquer avec ce dernier depuis un téléphone rouge tandis qu'il développe des pouvoirs télékinétiques et doit faire face à un mystérieux pantin qui s'apparenterait au mal en personne. Dit comme ça, l'intrigue a l'air bizarre mais, croyez-le bien, la suivre est encore plus étrange tant le montage hasardeux, les incohérences multiples, le cruel manque de linéarité et les dialogues approximatifs empêchent toute cohésion.
Balançant toutes ses influences en un seul package (E.T., Poltergeist, Star Wars, Firestarter...), Roland Emmerich essaie tant bien que mal de proposer une typique aventure fantastique mais peine à rendre le tout attractif. Plus proche du nanar bourré d'effets spéciaux que du film Amblin allemand, Joey n'amuse pas, n'émerveille jamais et prête même plus à sourire devant certaines situations incongrues. Des débuts compliqués donc pour le futur réalisateur d'Universal Soldier avec un premier film de studio (qu'il a co-écrit) ressemblant plus aux méfaits de Uwe Boll qu'à ses derniers blockbusters pétaradants.