Nul ne pourra contester le fait que Clint Eastwood a marqué le genre du western. Le western a fait Clint Eastwood, et Clint Eastwood a fait le western. Depuis la révélation dans la trilogie du « dollar » de Sergio Leone, le charismatique acteur a multiplié les rôles et s’est mué en réalisateur afin de parfaire son art et laisser une empreinte encore plus grande dans l’histoire du septième art. Après plusieurs films, le voici à la tête et à l’affiche de Josey Wales hors-la-loi, sorti en 1976.
Les westerns sont variés, reprenant généralement des codes et des canons communs les faisant converger sur la forme, bien que chacun d’entre eux a ses propres ambitions et véhicule ses propres messages. Clint Eastwood avait déjà marqué les esprits avec L’Homme des Hautes Plaines (1973) où il incarnait un cow-boy solitaire incarnant une sorte d’ange déchu tout droit sorti de l’Enfer. Déjà placé sous le signe de la vengeance, il préfigure Josey Wales hors-la-loi, qui vient à nouveau briser son héros pour le mener vers sa quête ultime.
Dans son nouveau film, Clint Eastwood fait preuve d’une très grande maîtrise dans son approche esthétique tout à fait captivante, faisant l’éloge des grands espaces, montrant les Etats-Unis sous la forme d’un vaste territoire sauvage et fascinant. Contrairement à la plupart des westerns, faisant souvent transparaître la chaleur et le climat désertique des contrées reculées du pays, les teintes sont ici globalement froides, lui donnant un aspect différent et plus inhabituel.
Josey Wales hors-la-loi raconte l’histoire d’un homme dont la famille a été détruite, et qui vogue dans les méandres d’un pays meurtri par une guerre civile destructrice. L’homme, plus motivé par sa quête et la volonté de donner un sens à sa vie qui lui a été, en quelque sorte, retirée, est l’inconnue de l’équation qui vient la résoudre, avec ou sans accord des parties. Celui qui est traqué pour être considéré comme un « hors-la-loi » est victime d’une ironie qui veut que ses pourchasseurs soient les vraies brutes et les véritables délinquants. Au fil des rencontres, il dresse le tableau d’un monde chaotique, sans ordre, où, malgré lui, il recolle peu à peu les morceaux, comme dans une sorte de quête divine où il va créer ce que l’on pourrait apparenter à un jardin d’Eden et raviver une lueur d’espoir dans l’obscurité.
A la fois violent, perturbant, contemplatif et fascinant, Josey Wales hors-la-loi confirme définitivement que Clint Eastwood sait jouer et filmer avec grande maîtrise, tout en faisant de son récit une histoire à la fois singulière et métaphorique, pleine de sens et de symboles. Western atypique, il s’avère beaucoup plus froid et sauvage que la plupart de ses semblables, et Clint Eastwood confirme ici sa capacité à s’approprier le western pour le torturer et en faire un genre plein de violence mais aussi plein de réflexions sur notre monde et nos origines.