Pendant longtemps, je n'aimais pas du tout ce western et le ton qu'il dégageait, et puis avec les années, je me suis rendu compte que Clint réalisait un de ses meilleurs films, mais qu'il me soit permis de n'en être pas tout à fait fan, je reconnais sa valeur, mais je ne goûte pas forcément à son contenu, sombre, ultra crépusculaire, très violent et "poisseux". Pour Clint réalisateur, les mythes du Far West sont en effet morts à jamais, son personnage de hors-la-loi se déplace dans un monde crépusculaire, au sein de paysages pluvieux et noyés de poussière, tout ceci donne une allure sordide à ce western qui est à l'opposée du western-spectacle, de la façon plus ludique et divertissante dont d'autres cinéastes comme Andrew McLaglen par exemple, voyaient le western dans son retour au classicisme à la même époque.
Il me semble l'avoir dit dans une autre critique, mais les années 70 ont sonné le glas du western classique et glorieux, on ne comptait plus les westerns mélancoliques mettant en scène les illusions perdues dans cette décennie ; le cowboy triomphant des décennies précédentes n'ayant plus d'avenir dans un pays qui ne le considère plus que comme un anachronisme. Célébrant les funérailles du vieux Far West, le western crépusculaire empruntera les chemins d'un réalisme sordide. Pouilleux, morne, cruel, le Far West dépouillé de ses oripeaux de gloire, présentera la fin des héros et par conséquent la fin des mythes, et c'est exactement ce que montre Clint Eastwood dans ce film : un western violent qui sent la poussière, la sueur et la poudre, où l'Ouest n'a plus rien d'exaltant, mais oh paradoxe ! tout ceci en revenant à quelques fondamentaux. C'est à dire que Clint montre un réalisme sordide et crépusculaire (on était en plein dedans en 1976), dans un récit qui rappelle les anciens westerns, il montre une vengeance brute et froide dans une violence crue mais sans effets tapageurs, le tout sous un voile de mélancolie poignante et un certain sens du lyrisme.
Il en profite aussi pour montrer la nature humaine dépravée par la guerre de Sécession, brossant ainsi un tableau peu reluisant de certains soldats nordistes. Tout ceci s'accomplit grâce à une interprétation de grande qualité, Clint a engagé notamment 250 Navajos et 2 acteurs qui sont d'authentiques figures d'Indiens, comme le formidable chef Dan George qu'on a découvert en 1970 dans Little Big Man, et l'immense Will Sampson, découvert en 1975 dans Vol au-dessus d'un nid de coucou. Le reste du casting comprend de solides seconds couteaux à "gueules" comme John Davis Chandler, John Vernon, John Russell, et les acteurs fétiches de Clint tels Bill McKinney et Sondra Locke.