Auteur de scripts pour des publicités cinématographiques puis de documentaires pour le ministère du renseignement, Alexander Mackenverick était un cinéaste britannique généralement très politisé. Deux ans après son premier film Whisky à gogo (1949) et quatre avant Tueurs de dames, il réalise L’Homme au complet blanc, spectacle très bavard tendant à nier la validité des classes sociales – non leur existence.
L’ingénieur Sidney Stratton découvre un tissu insalissable et inusable ; au lieu d’en être récompensé et de voir sa trouvaille exploitée, il ne s’attire que des ennuis et devient la cible de camps a-priori contradictoires. Bourgeoisie patronale et syndicats sont renvoyés dos-à-dos et de fait, sont partisans de l’obsolescence programmée dont ils tirent bénéfice. En effet, eux-mêmes deviendraient obsolètes si la vie pratique était simplifiée par la découverte de Stratton. L’alliance du commerce et de la philanthropie est rejetée par les puissances installées.
L’Homme au complet blanc est donc en plein dans l’idéalisme libéral puriste, en opposant le vrai aventurier libéral au capitalisme de connivence, puis naturellement aux nourricières tyranniques que sont les collectivistes. Le progrès apporté par l’individu et son génie est brimé et écrasé, celui-ci ne peut compter que sur lui-même pour s’épanouir et doit donc créer son propre camp ou au moins suivre sa route, en espérant que ses vertus rejailliront sur la société (ou pas) et seront reconnues (ou pas).
C’est donc un spectacle assez réfléchi et très marqué idéologiquement, toutefois c’est aussi une comédie burlesque, une pochade assez classique quoiqu’à la limite de l’euphorie. Le propos de départ et le contenu politique sont partiellement mis de côté mais Mackenverick continue son illustration, en se concentrant sur les syndicats, le patronat en lui-même étant rapidement omis. Le ton est très vif mais l’exercice un peu futile, défendu toutefois par un bon casting, Joan Grenwood et Cecil Parker ayant l’avantage sur leurs compères grâce à leurs performances très théâtrales.
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