Certaines personnes ont changé le Monde grâce à leurs découvertes, Edison, Watt ou Graham Bell. D’autres n’en ont pas eu l’occasion, leurs invention ayant été étouffées, car voyez-vous, les gens n’étaient pas prêts pour de telles avancées !
Qui par exemple se souvient aujourd’hui du nom de cet admirable bonhomme qui a découvert le moteur à eau ? Peut-être a-t-il a été assassiné par des supporters du PSG, soucieux de voir disparaitre les généreuses donations de leurs mécènes Qatariens.
Dans le film d’Alexander Mackendrick, c’est de ce genre de génie incompris qu’il s’agit.
Sydney Stratton est un chimiste tellement brillant qu’il ne cesse d’être mis à la porte des entreprises qui l’emploient pour cause de recherches trop coûteuses. Alors, lorsqu’il est embauché en tant que cariste dans une usine textile, il en profite pour utiliser en douce le laboratoire. Eh oui, notre ami a une mission divine, une vocation: inventer une fibre inusable et insalissable. Le chercheur est tellement obsédé par cette idée fixe qu’il finit par atteindre son but. Mais il n’a aucune idée des conséquences de sa découverte. Car si cette invention libérerait du temps de cerveau disponible chez la ménagère, elle représente la mort de l’industrie textile. Finis les vêtements usés que l’on remplace régulièrement, terminées les blanchisseries ! Loin de se douter du sort qui l’attend, ce brave Sid présente sa découverte aux poids lourd du secteur, qui s’empressent de vouloir l’étouffer. Il se retrouve alors séquestré puis pourchassé dans les ruelles sombres de la ville, vêtu de son complet immaculé, puisque insensible à la teinture.
Bien entendu, le film met en cause l’étouffement technologique des industriels pour servir leurs intérêts financiers. Quoi de mieux pour garantir une consommation durable, que des vêtements qui s’usent vite? C’est ce que l’on appelle de nos jours l’obsolescence programmée, procédé bien connu des fabricants de téléphones ou de téléviseurs.Avec sa fibre révolutionnaire, Sydney Stratton vient donc enrayer une machine bien huilée. Il est assez amusant de voir comment tous les concurrents du textile britannique oublient leurs différends pour s’unir contre cet ennemi perfide qu’est l’inventeur. Mieux encore, la participation des travailleurs craignant pour leurs emplois à cette chasse aux sorcières nous donne l’occasion d’être les témoins d’une réconciliation inédite entre ouvriers et patrons.
C’est là qu’est soulevée la question centrale de ce film : Que doit-on faire, face aux révolutions technologiques, quand elles apportent de tels bouleversements sociaux et économiques? Aurait-on dû, par exemple, résister à l’apparition de l’automobile pour sauver les charrons et les maréchaux-ferrants, quitte à empêcher la démocratisation des transports? Doit-on aujourd’hui lutter contre la popularisation des supports électroniques, pour sauver nos vendeurs de livres et de disques?
Malheureusement, le film ne répond pas à cette question en terminant par une pirouette scénaristique un brin décevante. Ce qui n’empêche pas l’homme au complet blanc d’être un film remarquable, ni tout à fait d’action, ni complètement d’espionnage mais une véritable comédie d’aventure, avec de très bons gags et des situations assez cocasses. Dans le rôle du héros, un excellent Alec Guinness en chimiste maladroit, mi Bourvil mi Charlot, qui a bien du mal à fuir dans la nuit, tout de blanc vêtu.
Bref, malgré un léger goût d’inachevé, ce très bon divertissement se paie le luxe de soulever des questions pertinentes et encore d’actualité aujourd’hui. A mettre entre toutes les mains, donc.
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