Vous reprendrez bien un p'tit Guinness ?
L'histoire se présentait pourtant mal : le héros est un chimiste (non gardez vos tomates pourries c'est une profession respectable je connais même des gens qui le font par choix...enfin c'est ce qu'ils affirment !)
Sidney Stratton, notre héros est donc un respectable chimiste du textile, lancé dans une quête insensée vers le Graal de sa profession : le tissu inusable et intachable. Chimères et contes pour jeunes filles anglaises des années 50 me direz-vous ? Pas pour le persévérant Sid et son invraisemblable machine aux qualités sonores hors du commun.
Dès lors, dans un conte digne de ce nom, on pourrait penser que notre brave chevalier, revêtu de son costume blanc révolutionnaire tel une armure magique, se dirigerait droit vers la gloire et la reconnaissance éternelle de milliers de ménagères aux doigts usés par la lessive à travers le monde. C'était sans compter l'opposition farouche de la mafia des méchants capitalistes du textile ainsi que celle du dangereux syndicat du secteur...
Une intéressante réflexion sur le progrès scientifique : d'un côté, ce qui intéresse Sidney, c'est de trouver une solution à un problème donné, sans réellement réfléchir à ces conséquences. De l'autre, les patrons et le syndicat fonctionnent sur une idée de progrès liée à un intérêt matériel, et pèsent les avantages et inconvénients en terme de profit pour les uns, et de quantité de travail offerte pour les autres. D'où une certaine incompréhension entre les parties prenantes, synonyme de pas mal de gags.
Sir Alec Guinness livre une géniale interprétation de ce scientifique fauteur de trouble, obsédé par une idée fixe, aux frontières du burlesque. Et pour achever de vous convaincre sachez que la fin du film vaut à elle seule son pesant de costards.
Une petite pépite anglaise de Mackendrick injustement méconnue.