Dans son sommeil, la jeune Rosaleen (Sarah Patterson) rêve qu’elle habite dans un village de conte de fées. Suite à la mort de sa sœur, tuée par des loups, la jeune fille est hébergée par sa grand-mère (Angela Lansbury), qui lui raconte des histoires afin de lui apprendre à se méfier de tous les hommes…
On a tous eu, un jour ou l’autre, dans notre entourage, un original qui, emporté par les vieux démons de Freud et consorts, a essayé de nous convaincre que tous les contes pour enfants que l’on connait étaient en réalité autant de métaphores à caractère sexuel. Il semblerait qu’Angela Carter, dont Neil Jordan adapte ici l’œuvre, appartienne à cette catégorie de personnes, qui éprouve le besoin de toujours tout ramener au sexe, et c’est donc tout naturellement que l’on se lassera de voir des personnages dénués de cerveau, puisque ce qu’ils utilisent comme tel se situe non pas au-dessus du cou, mais en-dessous de la ceinture. Il faut donc de sacrés nerfs pour supporter l’étalage pénible de clichés sans noms, nous racontant l’histoire d’une jeune fille innocente et inconsciente, qui se laisse entraîner au jeu malsain d’un séducteur ténébreux et suborneur de premier ordre.
Mais finalement, on aurait été prêt à passer sur beaucoup de choses si le film avait eu un véritable intérêt cinématographique. Pourtant, si les décors signés Anton Furst parviennent à créer une atmosphère intéressante, le reste ne suit pas. Du casting de quinzième zone au milieu duquel se noie tristement la grande Angela Lansbury à des effets spéciaux qui ont pris un sacré coup de vieux, on ne voit plus trop ce qu’on aurait à sauver d’un film qui ne recule jamais devant le plus pur mauvais goût (la métamorphose du premier loup-garou, à la limite du regardable).
Ceux qui auront un sens de l’humour particulièrement développé trouveront largement matière à rire devant un tel sommet de nullité qui se prend au sérieux sans qu’on arrive à déterminer si la bonne volonté du réalisateur est suffisante pour en faire un nanar. Les autres s’ennuieront ferme devant un récit dénué autant de rythme que d’enjeux, qui se plaît à multiplier pour une raison obscure les récits enchâssés jusqu’à overdose.
D’ailleurs, je dois avouer humblement n’avoir nullement compris l’intérêt du récit cadre, qui place les événements du film dans le rêve d’une jeune fille, élément scénaristique jamais exploité. J'avoue également (et avec beaucoup moins d’humilité) que je n’aurais de toute façon vraiment rien à faire d’une telle explication, dont je me fous le plus royalement du monde.