Lorsqu'un provocant animateur de radio se fait assassiner à Chicago, le FBI envoie un de ses agents dans le Middle-West pour enquêter sur un fermier veuf soupçonné d'être le tueur... jusqu'à ce qu'elle tombe sous son charme.
Suite à Missing qui a fait parler de lui sur le territoire américain, Costa-Gavras voit l'opportunité d'aller tourner aux États-Unis pour mettre en avant la renaissance du fascisme à travers l'infiltration d'un agent féminin dans la vie d'un paisible fermier, dont l'apparence est à l'opposé de ce qu'il est vraiment. Comme dans Mississippi Burning d'Alan Parker, il montre la face cachée et très peu glorieuse de l'Amérique, celle du racisme, de l'antisémitisme, des thèses absurdes de complots, les liens entre ces groupes et la sphère politique ou encore du KKK.
Pourtant, et c'est une chose assez rare jusque-là, Costa-Gavras se montre parfois maladroit, notamment sur l'équilibre entre les différents tons, alternant entre thriller, romance ou mise en avant du fascisme sans forcément s'y trouver pertinent. L'intrigue policière n'est guère convaincante, tout comme certaine relation (celle entre l'agent et la fille du fermier, bien trop mièvre et inintéressante) ou la dénonciation de ces groupes d'extrêmes-droites qui, si elle est intéressante, reste tout de même trop sage. Il faut dire qu'il ne bénéficie pas d'un scénario exempt de tout reproche, notamment vis-à-vis de quelques ficelles scénaristiques décevantes à l'image de l'évolution de la relation de confiance entre le fermier et l'agent.
C'est dommage et même préjudiciable tant ce sujet paraissait en or entre les mains de Costa-Gavras sans qu'il ne l'exploite pleinement à sa sauce, se montrant plutôt impersonnel même. Après l'ensemble reste tout de même efficace, avec plusieurs points convaincants (notamment sur l'embrigadement des enfants) et une ambiance troublante qu'il arrive à bien mettre en place sur une bonne partie du récit tandis que les personnages restent plutôt intéressants, et bien interprétés que ce soit Debra Winger mais surtout Tom Beranger, à la fois gentil et salopard et participant à l'ambiguïté qui plane sur certains éléments.
Si Costa-Gavras se montre souvent intéressant avec La Main droite du Diable, il commet tout de même de nombreuses maladresses, notamment sur l'équilibre entre les genres et l'impression d'avoir en face un film assez impersonnel, où il manque une vraie dimension, force voire pertinence dans les propos.