Que dire de ce chef-d'œuvre du fantastique inégalé, lui-même remake de l'excellent La Mouche Noire avec Vincent Price ? Puisant autant dans le film de Kurt Neumann que dans la nouvelle originale de George Langelaan, David Cronenberg conserve donc la base de l'histoire tout en la remodifiant toutefois, apportant beaucoup plus d'importance aux personnages et à leur évolution progressive. Jouant la carte de la psychologie et - bien entendu - du visuel, le réalisateur de Videodrome ponctue son film de nombreux passages gore terriblement éprouvants.
Nous avons donc droit, outre les impressionnants maquillages de Chris Walas (Gremlins, Enemy Mine) effectués sur notre héros, à des téléportations ratées pour le moins sanglantes et quelques scènes résolument dégoutantes (le bras de fer, l'affrontement final). Ces séquences répugnantes propres au metteur en scène canadien trash restent inoubliables, gravées dans nos mémoires avec une sorte d'admiration. De plus, la musique angoissante de Howard Shore et l'atmosphère pesante accordée au métrage nous propulsent dans cet univers glaçant qu'est la science-fiction, ici au plus près de la réalité.
La réalisation fluide, le rythme soutenu et les effets spéciaux réussis s'ajoutent bien évidemment à une interprétation exemplaire menée avec brio par le charismatique Jeff Goldblum, la somptueuse Geena Davis et le génial John Getz, ces trois principaux (pour ne pas dire uniques) acteurs formant un triangle amoureux morbide et fantastique. Vous l'aurez compris, La Mouche est l'un des chefs-d'œuvre de David Cronenberg et l'un des meilleurs films de science-fiction qu'il soit, son scénario et sa mise en scène indéniablement déroutante en faisant un film culte des années 80 à ne pas mettre devant tous les yeux.