Car aujourd'hui on vous aime, mais demain on vous jettera.
A la base, je n'aime pas les films gores, et en plus je suis un gros entomophobe (la phobie des insectes) depuis petit. Forcément un film qui raconte l'histoire d'un scientifique qui se fusionne involontairement avec une mouche ne pouvait être que mon pire cauchemar.
Pourtant, le dégoût fortement présent est loin d'être le seul sentiment qu'on éprouve après son visionnage.
Le film commence un peu comme une sorte de mauvaise comédie romantique où un scientifique étrange mais sincère tente de draguer une journaliste. Il réalise secrètement dans sa maison une expérience sur la téléportation d'objets. Rapidement la journaliste tombe amoureuse et finit par sortir avec le scientifique afin de continuer ensemble les expériences. Finalement, le scientifique se propose lui-même comme cobaye, mais malheureusement une mouche s'était infiltrée dans la machine au moment de la téléportation. Peu à peu, le scientifique se transforme moralement et physiquement pour devenir quelque chose d'inhumain...
Jusqu'où la science peut modifier notre vie si on ne lui impose pas de limite ? La Mouche montre avec des images fortes son impact sur l'espèce humaine, un thème très récurrent mais toujours d'actualité, qui évolue au fur à mesure avec la science elle-même. Même récemment, on est forcé à réfléchir sur cette question dans Deus Ex : Human Revolution (je le cite car je suis en train d'y jouer).
Mais le film m'a surtout remis en question le sentiment humain. On pense avoir réussi quelque chose dans la vie, rencontré la personne idéale, tout semble bien se passer. Mais du jour au lendemain, tout peut basculer : tout le monde vous renie et vous méprise comme un objet répugnant. Au final, La Mouche propose un peu le même thématique que la Métamorphose de Kafka.
En voyant plus loin, on peut facilement faire le parallèle entre le film et le problème du SIDA à l'époque de sa sortie. La maladie étant encore trop mal connue, un séropositif était rapidement vu comme une personne à éviter à tout prix. Votre partenaire vous jette, ne veut plus de votre enfant et décide de l'avorter, alors que vous continuez à l'aimer et rêver de voir le visage de votre descendant.
La Mouche est déroutant car il montre une image de cette peur que chacun possède au fond de lui quelque part, de soudain perdre nos amis, nos amours, et tout ce qu'on a réussi à obtenir dans la vie.
On peut regretter la manière maladroite dans laquelle la relation entre les 2 personnages principaux a été installée. Ou encore, l'utilisation inutile d'images fortes juste pour choquer (la scène du bras de fer par exemple qui n'a aucun message derrière, contrairement à la transformation en mouche ou le singe mutilé). Mais on est rapidement captivé par le talent de Cronenberg, de Jeff Goldblum et de la qualité des effets spéciaux. Cette histoire horrible mais incroyablement triste passe très rapidement et se termine sur une scène qui arrive comme un poignard sur notre cœur rempli d'émotions. Une réussite.