Nouvelle incursion du cinéma français dans le genre, qui plus est labellisé par le CNC,et malheureusement nouvelle déception en ce qui me concerne. La faute, encore une fois, à une écriture mal maitrisée qui se contente d'aborder le fantastique comme un simple prétexte dans cette histoire de drame familial rural, sans s'autoriser à l'assumer pleinement.
La thématique est pourtant intéressante : l’exposition, bien que beaucoup trop longue, développe plutôt bien les enjeux relationnels de cette famille où le non-dit étouffe toute velléité d'explosion émotionnelle. Se dessinent des souffrances intériorisées et le portrait d'une mère enfermée dans une fuite en avant, tant par sa peine que par un système agricole contraignant, qui finit par lui faire perdre de vue le bonheur de siens. Le surgissement du fantastique aurait ainsi été à même de déstabiliser ce système et de lui permettre d'évoluer. Mais las, ce n'est pas le cas, tant cet élément aurait pu être remplacé par un quelconque alcoolisme ou burn-out que ça n'aurait rien changé, et faute suprême, il n'amène nulle part, la conclusion de La Nuée étant particulièrement loupée et frustrante d'inaboutissement (le réalisateur donne l'impression d'arrêter là car il ne sait plus quoi faire).
Et c'est dommage car le film offre des prestations d'acteur fort réussies ainsi que de belles promesses : la mise en scène du corps meurtri, l'envahissement par le son stridulent, une véritable montée de malaise par moment, et surtout, LA séquence choc de la découverte par la fille qui dégage une puissance indéniable. Mais ces promesses ne sont pas suffisamment bien exploitées pour parvenir à convaincre et à justifier la dimension très intimiste de l'action (il semble n'y avoir en effet aucun impact des essaims en dehors de leur propriété), laissant encore une fois le goût amer de l'occasion loupée.