Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "un réalisateur = un film."
Scénario :
Hrundi V. Bakshi (Peter Sellers) est un acteur indien catastrophique et gaffeur. Par erreur il se retrouve invité dans une soirée chez un gros producteur hollywoodien et va enchaîner les gaffes.
En tant que sujet d'étude :
"The Party" (pourquoi ce titre minable de "La Party" en français ?) est un bon sujet pour analyser la réalisation de Blake Edwards, le jeu de Peter Sellers et la fin des années 1960.
De Blake Edwards je n'avais vu que Breakfast at Tiffany's il y a dix ans et le film m'avait laissé un vague souvenir, agréable, découlant à la fois de l'insouscience et du ton léger de l'adorable Audrey Hepburn. Ici nous avons droit à un film étonnant car minimaliste dans son scénario : Il s'agit essentiellement d'une fête dans un appartement de riche qui tourne de façon chaotique, avec un humour qui se dégage surtout de la situation et du visuel. L'anecdote raconte que la plupart des gags furent improvisés lors du tournage, ce qui explique pourquoi un second rôle de serveur alcoolique, joué par Steve Franken (qui ressemble étrangement à Noah Antwiler...) prend au final autant de place dans le film.
Sinon, je n'ai pas grand chose d'autre à analyser : c'est bien foutu et l'unité de temps, de lieu et d'action fonctionne très bien à ce niveau. Edwards dit s'être inspiré de Tati (dont il va falloir que je vois un des films, c'est dans ma liste...) et il est vrai que la maison méga-moderne avec ses piscines et ses boutons high-tech offre le dispositif idéal pour des gags de situation.
Je me suis dit "mais pourquoi ne fait-on plus des films comme ça" avec une trame simple, beaucoup de gags visuels, des plans assez larges et un montage qui est tout sauf frénétique. Tout en le voyant, je pensais dans ma tête à la manière dont le film aurait été tourné après les années 80 et 90 et il aurait bien moins fonctionné.
L'anglais Peter Sellers joue dans ce film un rôle d'indien et c'est limite outrageux la façon dont il est tout simplement grimé en marron. Pourtant, les indiens ont vraiment bien pris ce film et il faut dire que Sellers est bon : si son accent est caricatural, il joue les mimiques visuelles du gaffeur avec un naturel déconcertant. Il devient assez vite la matrice de l'indien un peu maladroit, un peu naïf mais incroyablement gentil et humble tel qu'il sera reprit bien plus tard dans les séries télé (je pense notamment à Fez dans "That's 70 show" ou à Raj dans "The Big Band Theory.")
Le film sent incroyablement bon les années 1960 que ce soit dans les costumes, la déco et l'ambiance. C'est un festival d'inspiration pour une série comme Mad Men. Et surtout on oublie pas la fin
dans laquelle la génération hippie vient apporter le coup de grâce à cette soirée qui partait déjà en vrille, en amenant des jeunes exubérants, un éléphant peinturluré et de la mousse. On peut sentir une sorte de message sur la génération beatnik qui vient et casse les codes de l'ancien monde, tellement réglé et plein de convenances. Bakshi au début du film est mal à l'aise car il est un poisson hors de l'eau et ne comprend pas les codes de l'etablishment et à la fin, celui-ci devient le roi de la soirée et s'intègre merveilleusement bien à la foule des jeunes en plein "flower power." (Analyse que je viens de trouver tout en écrivant ce texte, du coup, ma note passe un cran au dessus.)
Au niveau musical, c'est amusant de voir que Mancini mélange dans la B.O. influence Jazzy, groove et musique indienne. C'est voulu à cause du personnage de Bakshi qui est indien, mais ça tombe tellement bien puisqu'en 1968, on est PILE au moment où les Beatles, de retour de leur trip en Inde vont mélanger sitar et guitare électrique.
Mon avis personnel :
J'ai vraiment bien aimé.
Au début, je me disais "houlala, si tout le film ne repose que sur Peter Sellers qui fait des gaffes, ça va vite me saouler." J'aime bien l'humour où quelqu'un se met dans des situations gênantes (la série "The Office" ne reposait quasiment que sur ça...) mais à force cela peut devenir redondant. Et puis non... petit à petit, les autres personnages de la soirée prennent un peu d'épaisseur et au final, le film arrive bien à se renouveler.
Autre truc qui m'avait semblé "cliché" au premier abord, c'est le fait que Bakshi avec sa cravate moche et son air d'ahuri arrive néanmoins à séduire une jeune femme. Je trouvais ça un peu "gros" notamment lorsque celle-ci semblait faire abstraction du fait qu'il soit trempé jusqu'aux eaux ou en manque complet de conversation. Et au final, le film réussi à justifier vraiment bien cela, à développer leur relation et l'alchimie fonctionne.
Au final, je suis parti un peu sceptique et j'ai fini le film avec un large sourire jusqu'aux oreilles. Il parait que c'était le film préféré d'Elvis Prestley. Moi qui n'ai jamais été vraiment un fan du King, je suis content d'être sur la même longueur d'onde que lui pour une fois.