Une centaine de Confédérés en situation de défaite face à l’armé nordiste hisse le drapeau blanc. Le colonel Yankee Owen Devereaux (Glenn Ford), bien qu’il ait vu aux jumelles ce signal de reddition, ordonne le feu. Les canons exterminent détachement sudiste. Sur le champ du massacre, seul le second du colonel, le capitaine Del Stewart (William Holden) comprend la bavure en découvrant, sous un cadavre, le drapeau blanc fixé au bout d’un fusil. Meilleur ami d’Owen, il se tait. De retour au camp, ils apprennent que la guerre est finie.
Rendus à la vie civile, Owen et Del retrouvent, à Glory Hill, Caroline (Ellen Drew), dont ils sont tous les deux amoureux. C’est Owen qui est l’heureux élu et il est, par ailleurs, nommé juge fédéral grâce à l’homme le plus influent de la région qui s’avère être un spoliateur. Owen nomme Del shérif de la ville.
Pourtant, de plus en plus, le comportement particulièrement violent et injuste d’Owen, dans son activité de juge, inquiète fortement Del qui le met en garde; mais Owen rejette ces alertes et pense Del jaloux de son mariage avec Caroline. Les séquelles de la guerre ont bel et bien fait des ravages dans le cerveau d’Owen ; sous prétexte de faire scrupuleusement respecter la loi, ses jugements, guidés par une obsession morbide, donnent lieu à des exécutions systématiques.
William Holden : « Dites-moi docteur, la guerre pourrait-elle affecter un homme aussi bien qu'Owen au point qu'il ne puisse plus s'arrêter de tuer ? »
Ce western, tourné quatre ans après la seconde guerre mondiale, évoque les blessures catastrophiques que la violence a créées sur le psychisme de certains des hommes qui ont été considérés, pourtant à juste tire, comme des héros. Il traite aussi de l’injustice de la justice puisque toutes le décisions désastreuses du juge résultent de l’application stricte de la loi fédérale.
Un grand sujet grave et moderne pour un film dont le genre, western, n’est pas familier ; il aurait mérité une mise en scène plus marquante et on peut s’imaginer le grand film qu’auraient pu tirer d’un tel scénario Raoul Walsh, Fritz Lang, Samuel Fuller ou Robert Aldrich. Henry Levin, à son habitude, nous offre un western bien filmé de manière très classique et le résultat nous permet de passer un assez bon moment. L’ensemble, sans mièvrerie, manque tout de même de dynamisme et les couleurs flamboyantes et les beaux costumes signés Jean Louis ne suffisent pas à rattraper un montage un peu mollasson. Au contraire, on pourrait même penser qu’un bon N&B de John Alton aurait bien convenu à cette intrigue très « Noire ».
Il est aussi à noter le jeu appuyé et le maquillage trop « Méphisto » du Colonel/juge (Glenn Ford, 32 ans à l’époque). Dans un rôle complexe et donc difficile, l’acteur en fait tout de même un peu beaucoup (imaginons avec regrets Kirk Douglas ou Humphrey Bogart qui sont des références dans ce type de rôles).
En conclusion un grand sujet, un bon scénario qui finit par faire seulement un assez bon film de série.