Après avoir tâté du film de commande pourrave aux États-Unis, notre Éric Valette national est revenu dans sa chère patrie en 2010 pour livrer un excellent Une Affaire d'État, renouveau du thriller politique d'envergure. Un an plus tard, le revoilà officier dans le même genre... ou presque. En effet, fini le fantastique, finis les complots véreux, place au thriller dit 'conventionnel', celui peuplé de courses-poursuite, d'injustice et d'affrontements brutaux entouré d'un rythme haletant.
Car avec La Proie, Éric Valette frappe un grand coup dans l'univers du genre français : son scénario légèrement hitchcockien sur les bords, très réaliste et bien ficelé, nous entraîne dans une folle course-poursuite à travers la France où nous suivons malgré nous la tentative désespérée d'un taulard à la recherche de son ancien compagnon de cellule lorsqu'il découvre que ce dernier est un fait un serial killer s'approchant d'un peu trop près à sa petite famille...
Commençant à merveille dans un univers carcéral au plus près de la réalité, le long-métrage donne immédiatement le ton : ça sera froid, violent et sans concession. Notre anti-héros que rien n'arrête, c'est Albert Dupontel, parfait en chasseur lui-même traqué par une fliquette déterminée (excellente Alice Taglioni). Face à eux, un Stéphane Debac tout simplement effrayant, l'acteur campant un calme et paisible monsieur tout-le-monde cachant une identité des plus horribles.
Ce trio va, pour notre plus grand plaisir, s'affronter indirectement tout au long du film à travers des confrontations verbales, physiques, musclées, palpitantes, le tout filmé avec la nervosité nécessaire pour rester sacrément éveillé. Valette a du punch à revendre et ses scènes d'action n'ont rien à envier aux productions américaines similaires (dont une impressionnante course-poursuite se finissant sur le toit d'un train en marche).
Ainsi et en somme, malgré une histoire pas très originale en soit – on pense beaucoup au Fugitif ou encore au Contre-Enquête de Franck Mancuso – et deux/trois longueurs inutiles, La Proie est une agréable surprise tricolore redorant avec efficacité le blason du thriller français.