Vincent Gotta est retrouvé en pleine nuit en train d'enterrer un enfant, son fils. A ses côtés la police retrouve un pantin en bois. 5 ans plus tard, son avocate, Jennifer Clark, tente de lui éviter la condamnation à mort. Par un concours de circonstances la marionnette se retrouve à l'anniversaire de la fille de la magistrate, Zoé, qui l'adopte aussitôt. Mais ce Pinocchio n'est pas fait du meilleur des bois, et d'étranges évènements vont se dérouler, posant la question de la santé mentale de la petite fille.
Avant le succès de Scream qui relancera le film d'horreur par paquets de slashers dans tous les sens, le genre semble se chercher dans la première moitié des années 1990. Délaissant la violence des années 1980 qui lui avait été reprochée, il essaya de retrouver une crédibilité en s'étoffant scénaristiquement, en creusant ses personnages. Arachnophobia est un film d'horreur assez sage mais malgré tout un bon film, car il a su exploiter cette veine de la famille qui s'installe dans une nouvelle ville à son avantage. Dans celui-ci, le cadre familial est celui d'une mère et d'une fille, dont la dernière ne se remet pas d'un divorce. Une péripétie familiale qui crée de l'anxiété et de la colère chez Zoé, et qui va dans un premier temps semer le doute entre les responsabilités de la fille ou de la marionnette.
Le problème, en faisant ainsi, c'est que le film veut prendre du temps pour installer ses personnages, créer une ambiance avant de tout remettre en question. Mais que cela soit les difficultés de la mère, qui s'accroche à sauver un homme que tout accuse sans qu'on comprenne pourquoi elle persiste, ou de la fille, qui a peur d'être abandonnée, tout est amené à grands renforts de scènes appuyées et démonstratives au risque de perdre toute crédibilité
La menace n'en devient que moins vraisemblable, car avec de tels efforts de développements, le spectateur perçoit rapidement qui s'en sortira ou pas, surtout chez les quelques personnages secondaires. Très avare en meurtres, la violence du titre est très symbolique, et mise plus dans son ambiance. Mais le film en devient irréel, comme cette une enfant qui passe sous un bus mais survit sans trop de bobos. Si quelques jump-scares peuvent fonctionner, le manque d'effets spéciaux dessert la menace. Chucky a prouvé qu'on pouvait être un jouet et être un tueur crédible, dans ce film, le pantin n'est et ne restera ici qu'un accessoire mal utilisé.
Il faut avouer aussi que la réalisation fait très téléfilm, avec ses gros plans trop fréquents sur ses personnages, ses décors bien propres sur eux et cette désagréable photographie jaune-marron, typique de cette époque. Si on ajoute à cette liste le manque d'effets spéciaux, on pourrait croire à une production fauchée, mais non, le générique de fin semble sans fin, avec plusieurs équipes de tournage. Tout ce monde pour ça ?
Reconnaissons tout de même un casting convaincant, entre Rosalind Allen en MILF des années 1990, et la petite Brittany Smith, c'est rare de voir un enfant aussi bien jouer dans un tel film. Mais malgré la violence de son propos, le résultat est finalement assez fade, sans aucun relief, calibré pour la télévision. Le nom de Pinocchio n’est qu’un prétexte commercial sans rapport avec l’oeuvre originale. Malgré le grotesque de son pitch, une marionette tueuse, le film est sage, et surtout inutilement sérieux. Bon à couper en petits bois, et encore.