Retour sur l'année 1968. En mai, la sortie en salles de "Le viol du vampire" a provoqué de violentes émeutes dans les cinémas parisiens qui le présentaient. Après avoir songé à arrêter le cinéma, Jean Rollin se voit en de nouveau proposer en 1969 l'occasion de faire un nouveau film. Il en résultera de "La vampire nue", film fantastique beaucoup plus urbain que son prédécesseur.
Le ton est donné dès le début : une très jolie jeune femme (Caroline Cartier, la Soledad Miranda française) est poursuivie par des hommes aux masques étranges. Atmosphère froide, clinique, étrange, bref, on baigne dans cette aventure colorée et flippante qu'est ce film. Toujours agrémenté d'une bande-son très Free Jazz qui ressemble beaucoup à celle du "Viol du vampire" (sauf que cette fois-ci c'est Yvon Gérault qui s'y colle), l'ambiance est renforcée par l'usage des couleurs ou encore le rythme lent, propice à la poésie.
Seul réel point faible du film, le budget n'a pas permis à Rollin d'avoir de vrais effets spéciaux (y'a qu'à voir la scène où une fille de la secte se suicide) et donc fait perdre de la crédibilité au film. Les acteurs sont nettement meilleurs que sur le précédent film, et ça fait du bien. On se souviendra également d'une hypnotique danse de la part d'un mannequin sur fond de percussions tribales. Envoûtant.
Généralement bien plus apprécié que son grand frère, "La vampire nue" est assurément plus abouti et moins hasardeux que "Le viol du vampire". Le film restera à jamais hanté par la présence et la beauté époustouflante de Caroline Cartier, véritable icône qui aurait pu faire une grande carrière dans le cinéma.