Le visage de Guillaume Canet est dur la plupart du temps. La lumière épouse ses traits comme la campagne ou il se meut, mystérieux et brutale comme la forêt que le personnage qu'il joue affectionne. Frank Neuhart est un tueur et c'est pour cela qu'il tue. Il le pense il l'écrit comme une évidence.
Il est pourtant aussi comme les animaux qu'il aime, tendre et paternaliste avec son petit frère et jusqu'à un certain point avec son amie.
Tout cela rend le film étrange. Étrange parce que finalement très réaliste. On se ballade dans la vie des gendarmes, on constate la lenteur des enquêtes, la limite de leur possibilité de faire leur travail, ce qui frustre le personnage principal. Son idéalisme empêché le conduit à l'irréparable. La tension ordinaire, les situations qui basculent sont bien rendues. Il y a des moments ou le film peut être perturbant.
Guillaume Canet est parfait et tous les autres rôles sont choisis avec justesse, particulièrement ceux jouant les gendarmes qui l'entourent. La photo est un des atouts principals, ainsi que les cadrages. Le rythme est lent, oui, parce qu'il colle au plus près à la vie quotidienne du personnage principal, à celle des gendarmes.
Un film maîtrisé, brutal et questionnant.