---Bonjour voyageur égaré. Cette critique fait partie d'une série. Tu es ici au dixième chapitre. Je tiens à jour l'ordre et l'avancée de cette étrange saga ici :
https://www.senscritique.com/liste/Beauty_of_the_Beast/1620017#page-1/
Si tu n'en a rien a faire et que tu veux juste la critique, tu peux lire, mais certains passages te sembleront obscurs. Je m'en excuse d'avance. Bonne soirée. --
Après la très attendue *Compagnie des Loups* d’hier soir, je repassais, pensais-je, ce soir, à un film plus anonyme… Il est certain que je n’aurai probablement jamais entendu de ce *Ladyhawke* sans cette idée saugrenue de regarder tant de films de loup-garous d’un coup. Et pourtant, c’est la mâchoire pendante que j’ai regardé défiler le générique : Vittorio Storaro à l’image (celui qui avait fait quelques années plus tôt un petit film pas trop connu du nom d’*Apocalypse Now*) ; Michele Pfeiffer et Rutger Hauer. Mais si, celui qui déclamait de la poésie en slip sur un toit dans *Blade Runner*. Et celui qui a été beaucoup plus tard le Van Helsing du *Dracula* de Argento. Comme quoi… Le réalisateur du film est loin d’être méconnu aussi, même si je ne lui attache aucune affection particulière, n’ayant pas vu ses autres films. Tout de même. J’ai l’impression que le loup-garou prend son temps pour sortir de l’ombre, mais y parvient bel et bien, très lentement. Avec des équipes de plus en plus prestigieuses se groupant autour de son histoire. Ça me fait plaisir. Mais je retombe vite. Une fois ce générique époustouflant achevé, nous voici projetés dans un moyen-age des plus kitch, accompagné de sa musique électro dégueulasse qui empeste les années 80… C’est quoi ça ?! Ce film est un espèce de mutant, un bébé difforme entre un film d’époque et un film absolument ancré dans sa décennie de production. J’étais passé à travers le nom d’Alan Parson dans le générique, obnubilé que j’étais par toutes les autres stars qui le traversaient, mais j’aurais déjà du tiquer à ce moment là. Cette musique a cette capacité incroyable à éjecter le spectateur de l’ambiance du film en quelques coups de synthétiseur, et à rendre toutes les scènes de combat absolument ridicules. A sa manière, c’est un exploit qui mérite d’être relevé. Bon, il faut dire aussi que tout n’est pas de la faute de la musique. Les combats ont été chorégraphiés avec les pieds. Je veux dire, est-ce que je suis la seule a avoir applaudi les méchants qui attendaient bien sagement leur tour pour aller attaquer le gentil ? Et l’image n’est pas en reste. Je suis déçue par Storaro qui m’a pourtant bluffé plusieurs fois par sa subtilité. C’est vrai, sa colorimétrie sur la séquence d’apparition de Michele Pfeiffer est très jolie, mais le changement est tellement brutale qu’on dirait que le chef électro nous braque ses projecteurs dessus en criant « coucou ! c’est moi ! Vous oubliez pas que je suis derrière tout ça hein ? ».
Mais je me questionne. Est-ce que tous ces défauts que je relève ne sont pas faits exprès ? Je veux dire, les années 80, c’était quelque chose à part, et je ne suis pas sure d’avoir encore saisie toute la subtilité du manque de subtilité de son esthétique. C’est encore pour moi une période obscur dont j’essaye de comprendre la raison d’être. Peut-être après tout que finalement tout ça était très apprécié à l’époque, et parfaitement justifié et souhaité par la mise en scène. D’autant que beaucoup d’autres éléments, que j’ai appréciés eux, concordent. Le dressage des animaux par exemple. C’est rare que je m’attarde là dessus, mais en fait c’est un pan du cinéma comme un autre, à considérer avec autant d’importance que le montage ou le jeu des acteurs peut-être. Bref, le dressage des animaux est parfaitement maîtrisé. Mais en fait le problème il est là : on dirait que le dresseurs crie sa présence à chaque fois qu’un animal apparaît à l’écran. On ne peut regarder une bête scène de promenade à cheval sans avoir l’impression d’assister à un spectacle de voltige. Tout est exagéré. L’histoire de la malédiction, sublime par ailleurs, d’une légèreté et d’une poésie folle, aurait pu en rester là, mais il a fallut qu’on nous rajoute une scène extrêmement gênante, à gros coups de ralentis, insistant sur la tragédie de la chose. Non ! Ce n’était pas la peine. Si ?
Alors voila, je ne sais que penser de ce film, car j’ai l’impression qu’il est toujours dans la démesure, sans jamais réussir à penser que ce n’est pas délibéré. Finalement tout est justifiable. Le film souffre simplement du manque de subtilité qui caractérise son époque. Une seule chose n’est pas justifiable : la scène de la métamorphose. Ah ! Vous étiez surpris que je n’y sois pas encore venue hein ? Mais c’est presque que finalement, il n’y a rien à en dire. Il n’y a pas de métamorphose. On a même régressé par rapport aux premiers films, qui essayaient au moins, avec leurs maigres moyens, de nous mettre un petit fondu. La non. On fait juste un cut : avant c’est un humain, après c’est un loup. Point. Avec un ralenti dégueu juste avant. Combo. C’est dommage. On était limite quant au fait qu’il soit réellement question de loup-garou, mais l’histoire était belle.