Connaissez-vous Lady Hawke ce film sorti en 1985 et qui a été nominé maintes fois aux Oscars en 1986 ? J’ai beaucoup aimé. Beaucoup. Pourquoi ? Car tout simplement, j’y vois une métaphore remarquable de l’amour humain. Cet amour conjugal, si difficile à vivre, si fragile, si incertain par moments.
Reprenons rapidement les faits : Un évêque, félon de son état, Monseigneur d’Aquila jette un sort diabolique sur un couple d’amants : Isabeau d’Anjou et Etienne Navarre. Elle, au point du premier rayon de soleil, se transforme en faucon et lui, alors que la lumière disparaît de la surface de la terre, se métamorphose en loup. Et voilà nos amants, jour après jour, confrontés à la pire des épreuves, celle de se croiser sans se rencontrer pleinement.
Le film souligne cette quête impossible en pointant ces moments tellement fugaces où ont lieu, à l’aube et au crépuscule, ces rencontres. En effet, comment un loup, animal sombre, nocturne, brute, bestial, peut-il s’approcher d’un faucon, céleste, léger, dessinant dans le ciel transparent des arabesques gracieuses ?
Il faut donc lutter. Non pas l’un contre l’autre, mais l’un avec l’autre pour créer ces instants de retrouvailles. C’est la chaire contre l’esprit, ou l’ange contre la bête. Mais Isabeau n’est pas l’ange et Navarre la bête. Non, la vraie lutte est au cœur de chacun. Dans le film, elle se focalise davantage sur Navarre, incapable d’aimer car prisonnier de sa soif de vengeance. Il s’en purifie pour se rendre disponible à Isabeau, radieuse par sa joie et sa réserve. Par sa féminité. Et le couple triomphe de l’épreuve.
On assiste donc à ce temps des fiançailles, ou le couple doit s'apprivoiser progressivement pour dompter, purifier, transformer ce qui est un obstacle à la vie commune. Un moment qui pour moi est un sommet : Navarre, après avoir lutté toute la nuit dans un piège à loup, fait l'expérience de sa faiblesse et "renaît" dans la chaleur des premiers rayons du soleil en puisant dans le regard d'Isabeau à lui-même. l'instant a le poids de l'éternité. Le cinéaste sait donner une intensité particulière en focalisant les yeux des antagonistes.. Et elle reprend son enveloppe de faucon. Elle lui échappe à nouveau. Patience.
Le film invite à cette disposition de ne pas rechercher la fusion dans l’amour mais juste l’accueil de l’autre, tel qu’il est, et de poursuivre malgré les désillusions notre quête amoureuse, par petites touches, petits pas. Chaque combat est une victoire. Et les rencontres n’en seront que plus intenses et ajustées.