Parce que les jonquilles pousseront sur nos vers enterrés...
« Je partis dans les bois car je voulais vivre sans me hâter, vivre intensément et sucer toute la moelle secrète de la vie. Je voulais chasser tout ce qui dénaturait la vie, pour ne pas, au soir de la vieillesse, découvrir que je n'avais pas vécu. »
Tradition !
Ils sont tous réunis pour formater l’enfance,
Ils deviennent des machines utiles à l’espèce,
Honneur !
Ils perdent le rôle et restent au fond de la pièce,
Sans âme ni pouvoir sur leurs courtes allégeances.
Discipline !
Ils sont pris comme un tout voué à éblouir
Ils sont pris comme un tout voué à réussir
Excellence !
Réussite par le surpassement de l’être,
Réussite sous la folie de leurs beaux maîtres.
Et si vous ne voulez pas de ce qu’on vous donne ?
Alors baissez les yeux sur vos cahiers d’école.
Et puis Mr Keating balaye tout de son sourire.
Il fonce à bicyclette dans le conformisme piaillant des volatiles
Une farandole de vers et ils s’élèvent de terre !
Indisciplinés, ils apprennent à voler
Et partent où leur chante la volonté d’exister :
« Je veux être ou je ne serai pas. »
Et parce qu’ils volent, ils sont.
Et ceux qui s’imaginent invincibles et qui gardent l’équilibre,
Qui tiennent tête à la roue qui fonce leur briser le cou ?
« Engrais pour vers de terre » dira-t-on après coup.
Et de leur vie ne restera qu’un fertiliseur de jonquilles.
Ils apprennent la passion, ces pauvres garçons,
Ouvrent les yeux au monde, voient qu’ils sont des hommes !
Ils pensaient tout rater, ne rien mériter ?
Mais si, voyez ces lyriques envolées !
Ils apprivoisent la vie parce qu’ils ont enfin compris :
Si on peut vouloir pour toi, alors formule tes vœux.
Qui dit que tu ne peux pas exister tel que tu le voudrais ?
Qui dit que tu n’es destiné qu’à une vie figée ?
Eux.
Et que dire à la folie passagère des êtres qui te sont chers et prennent pour acquis les joies de ta vie ?
Réponse : « Carpe Diem !
Profitez du jour présent mes amis, que votre vie soit extraordinaire. »
Et, même s’il y a des limites à sucer la vie en vous,
Enfin tu réponds au téléphone du dieu fou,
Enfin tu prends sa main envers et contre tout,
Enfin tu te lèves et tu cries de bout en bout :
YAWP ! (C)omme elle est belle, cette bêtise embarrassante
YAWP ! (A)vec son regard qui nous transperce le front
YAWP ! (R)egarde « le fou avec les dents qui transpirent »
YAWP ! (P)our un peu et il en giclerait une vérité
YAWP ! (E)t on se la prendrait en pleine tête, glacée
YAWP ! (D)is-la nous, puisqu’elle t’horripile tant
YAWP ! (I)nspecte ton cœur et crache toutes tes dents !
YAWP ! (E)lle nous dit qu’on mourra de toute façon...
YAWP ! (M)ortifiante d’inconfort, elle conforte son fond.
On prend les beaux-parleurs mais aussi les mauvais
Ceux qui ne savent que se taire, ceux qui apprennent à rêver
On accepte les musiciens s’ils trouvent la vérité
En pianotant des mains le clavier de la liberté.
Je souris à leur vue, je ris à leurs déconvenues
Ils sont tous, à leur façon, vivants et excellents !
Ils prennent mes rires pour des millions de clochettes
Dont les tiges tintinnabulent et pleuvent jusqu’au ciel.
« Je veux être acteur, c’est ça que je veux être ! »
Et enfin, Neil apprend doucement à l’être
Pas dans la performance, il avait déjà tout en lui
Mais dans la tolérance : accepter d’être lui.
Quoi ? Oh…
Ce n’est pas assez, il perd trop vite pieds...
Pour passer outre son incompétence à vivre dans la jouissance,
Il met un point au vers de fin.
Il pointe ses rêves du regard de la mort.
Il échange sa peur contre celle des plus forts.
Arme contre tête, yeux contre l’oubli.
YAWP barbare qui s’éteint comme la vie.
L'arme dans l'âme,
Larme dans l’âme.
Pas seulement dans celle de Todd qui brûle la neige de ses cris
Mais aussi dans la mienne qui brûle la pluie de mes yeux.
Et je sors du film, debout sur la table,
Fière qu’il y ait des hommes qui osent exister,
Attraper des étoiles dans leurs vies envolées
Et colorer leurs yeux de larmes édulcorées
Pour voir à travers elles leur avenir avancer.
Ô capitaine, mon capitaine !
Que j'ai bien fait de te revoir. ♥