Il était une fois...
L’ ombre est aujourd’hui clairement discriminée.
– À l’éclat éclipsé éclatons ce cliché.
N oyons-nous dans l’encre d’une âme trop fragile,
O dieusement rongée par les façades fades,
I nnocente, isolée, honnie des normes affables,
R égurgitée un jour par des êtres amovibles.
C ruels, ils l’ont été, vil rejet d’un nouvel
Ê tre. À peine paré de leurs rostres de rustres,
U nique en son genre, il les ravit puis les frustre,
R ayonnant encore sous les mœurs qui musèlent.
D ans ce cadre coloré, colorié, carré,
E ntre l’image courbée d’un château torturé.
L’ être y tisse son art, étrange chrysalide,
E t garnit donc son fort d’un trésor, de magie ;
N aïf, il nous dira « Je ne suis pas fini. »,
V oletant du bout des fers, papillon timide.
E lle est belle l’histoire qui l’amène à la ville,
L aisse courir l’espoir d’une nouvelle famille
O ù il pourra enfin élire domicile.
P ourquoi pas, après tout ? Elle vit sans béquille :
P our le voir s’escrimer avec ses petits pois
E t en être gênée sans bouger le p’tit doigt.
P rogrammés, ils lui louent leur quotidien médiocre,
E stimant son montant : une personnalité.
U ne part de celle d’Edward essuie donc le massacre :
T out art devient mode qu’il leur faut consommer.
E t que dire des vOisines sérigraphiées
C ommères, clonées et tRop caricaturées,
L angues de vipère plus aiGuës que l’acier,
I ncisives, décisives et Adhésives,
P rétextant, si bien sûr elle Sait les amuser,
S’ adonner à la disseMblance fédérative !
E xpulsant cet ingrat qui Enfin a osé
R efuser de prendre des courS particuliers.
L aissons-les juger l’"enfant" défavorisé,
E stimer qu’on doit à tout prix le transformer,
S ourire aux racontars vomis sur les paliers.
C omment ne pas voir à quel point le pâle Edward
O ublieux d’exister pour mieux se faire bien voir
U tilise son âme puis colore le noir
L aissé par le sinistre quartier Tupperware.
E st-il anormal ? Non, il essaie juste d’être.
U n individu inadapté ? Ça c’est vrai.
R este à juger : qui est donc à blâmer ? Le monstre ?
S on moule immuable où il ne peut pas entrer ?
D outerons-nous de la tendresse créatrice,
U térin de machines qui donne à l’âme des vis ?
N’ a-t-elle pas, cette perversion de la nature,
É tendu son cœur sous l’apparence des vices ?
A mour ici revêt candidement les traits,
M oins d’une beauté nue que d’une ado perdue.
E t soudain, j’y pense, il me vient une scène :
U n échange muet sous les doigts cliquetants.
N onobstant un instant la barrière de l’écran,
I nterviewé, Ed voit une Kim figurée,
Q u’il ne peut qu’écorcher quand il la veut aimer,
U n air bouleversant communique son manque.
E t Kim est confuse et flanche depuis sa planque.
M iroirs, vous jouez pour mieux nous les éloigner,
A rtificialisant leur première rencontre
I ndûment soumise à sa percée bubonique,
S uivie d’une "limonade" assez peu tonique.
Et lui...
J ongle avec les morceaux d’une âme éparpillée ;
A des choix amoureux, amoraux, malhonnêtes ;
M odèle l’hiver factice pour l’habiller ;
A llume la nuitée de paillettes opalines ;
I nsuffle à l’ensemble la flamme du poète ;
S culpte la glace, y fige l’amour figurine.
C omment donner la vie à ce que le temps gèle ?
E d sait. Célébrons-donc l’apparition céleste :
L es débris de glace se détachent de la masse,
L èguent au monstrueux le soin de se faire Dieu
E t valsent doucement dans la lueur des astres.
C ocons de cristal, sans âme, naissant des ténèbres ;
I ris et arcs-en-nuit lui donnent ainsi la vie.
N’ oublions pas Kim dont la beauté se confond
E n quelques pas de danses avec les flocons.
M oi, je vais l’avouer : Edward, ici, c’est moi
E t aussi certains autres qui me lisent là.
U n être atypique, rejeté hors de soi,
R ossé par des codes qui ne le tolèrent pas.
T ypique d’un monde qui norme le rejet.
Et ce sera ainsi. Pour toujours, à jamais.