Il y a dans la danse une poésie rare,
Une douce romance donnant vie à l’art :
La passion d’un être qui se brûle les pieds,
L’expression du maître, ce souffle emprisonné.
Travail, persévérance,
Il faut bien s’exercer pour tenir sur ses pieds,
Sans cesse réessayer pour bien avancer.
Liberté, délivrance,
À s’en tourner la tête, à s’en voir triompher,
À faire le deuil d’une maman aimée.
Le valseur rugit avec l’ardeur du silence
Beau-parleur du geste qui traduit son essence.
Du danseur en feu coule la source d’une âme
Qui s’expose, implose puis doucement s’enflamme.
Clac
Danser c’est pour les fillettes
Portant tutus et paillettes !
Clac
Redescends donc, Billy,
On n’envole pas sa vie !
Clac
Gifle du désespoir,
Tu n’es fait que pour choir !
Clac
Tout s’agglutine en lui, se suspend à son être,
Donc il claque les coups pour extraire la bête,
Empoigne la flamme pour ne créer que squames,
Se brûle et la malmène, à en friser l’infâme,
Sans jamais l’éteindre, la couler hors du corps
Son sang dansant en lui et dansera encore.
Ce n’est pas le moment, bien plus grave nous attend :
À quoi bon être heureux si pour faire du feu,
On hurle pour se fuir, on brûle les loisirs,
On pleure les souvenirs, sans place pour les rires,
Quand saignent les factures ? Vivre est bien trop dur.
Mais voilà.
Billy est un danseur bien plus qu’un enfant
Électrisé, ma foi, d’un désir étouffant :
Or battements du cœur, claquements des talons
Et clameur du talent nièrent l’abandon,
Et le voilà qui vole,
Donnant à la danse le goût de l’évidence,
Celle d’un bonheur dense, d’une joie immense,
D’une vie qui décolle.
Il peut bien se tromper puis tomber, perdre pied,
Trembler qu’on ne le juge que peu passionné,
Mais son âme s’envole et sa grâce subsiste
Pour peu qu’il exprime ce pour quoi il existe.
Le cœur bat fébrile et le corps nous fascine
La peur l’illumine et la mort l’enlumine :
Plus l’âme devient belle
Plus l’âme est éternelle.
L’instant est délicat :
L’œuvre naissante ancre profondément l’iris.
Et on assiste à l’astre s’élevant de la piste.
Billy, on est tous là,
Vas-y,
Vole !