I was dancing when I was twelve (mission maframboise n°7)
Tout commence avec un gros plan, un gros plan sur les mains d'un gamin. Un gamin qui prend la pochette cartonnée d'Electric Warrior, l'une des meilleures choses qui soient arrivées à la musique, en extrait le vinyle, le pose sur la platine et Cosmic Dancer se fait entendre. Pour le commun des spectateurs, ça n'a l'air de rien ; mais pour moi ça touche au sublime. Alors bien sur, on pourrait reprocher que la première chanson de la face A est en réalité Mambo Sun, mais peu importe, Cosmic Dancer, c'est sublime.
Billy Elliot est un film qui se situe dans un monde difficile, un monde masculin, un monde en crise. Mère décédée, grand-mère dégénérée, le môme vit avec son père et son frère, mineurs en pleine période des mouvements sociaux du milieu des années 80. Un point de départ qui n'est pas sans me plaire, voilà qui réveille ma vieille fibre marxiste endormie.
Astreint à faire de la boxe par tradition familiale, le gamin trouve ses bouffées d'oxygène en se soustrayant à cette obligation pour rejoindre un monde féminin : celui de la danse. Quoi de plus logique lorsque l'on est confiné dans un monde avec trop de testostérone ? Car comme chacun le sait, aucune femme sur la planète n's'ra jamais plus con que son frère, ni plus fière ni plus malhonnête, à part, peut-être, Madame Thatcher.
Et Madame Thatcher, elle leur en fait baver aux mineurs qui entourent Billy. Décidant la fermeture des mines du Yorkshire pour déficit, elle refuse de négocier et de céder le moindre pouce face au mouvement syndicaliste.
N'ayant aucune accointance avec la danse, bien que le mioche s'en sorte remarquablement bien et que son combat pour réaliser son rêve soit touchant, c'est plutôt du côté du sort de ces ouvriers en lutte, passant de la colère au dépit, puis à la résignation que j'ai trouvé mon compte. Ces hommes laissés sur le bord du chemin, sans aucune compassion, sans aucun soutien, pour la froide réalité des chiffres. Quand la statistique s'humanise, ça donne tout de suite mal au bide.
Le film s'égare dans quelques ratés, se vautre dans certains clichés, mais comme il est porté par une B.O. matinée de T. Rex et quelques autres chansons comme London Calling des Clash ou A Town Called Malice des Jam, on ne lui en tient pas trop rigueur.
Un T. Rex écouté par le frère de Billy Elliot, ce qui constitue un paradoxe savoureux. Voilà un jeune homme, fougueux, apôtre de la virilité, penchant sérieusement vers le machisme, avec une vision violente et rageuse de l'homme, à l'image des héros musculeux des blockbuster de l'époque, et qui écoute passionnément Electric Warrior, l'album culte de T. Rex. Le groupe phare de la vague glam, porté par un Marc Bolan androgyne au possible, icône sulfureuse d'un mouvement jouant sur toutes les libertés sexuelles. A se demander s'il comprend ce qu'il adule.
Une bonne B.O., ça fait passer beaucoup de choses.
http://www.youtube.com/watch?v=MJcUMKGCdrY