Nous sommes en 2004, quelques mois avant la sortie de l'acclamé 36 Quai des Orfèvres. Le polar français est redevenu discret avec les années 90 et seuls Guillaume Nicloux et Frédéric Schoendoerffer semblent vouloir s'être attachés au genre. Pourtant sort cette année-là Le Convoyeur de Nicolas Boukhrief, ancien rédacteur de Starfix et auteur du Plaisir (et ses petits tracas), qui va dynamiter le genre en nous proposant un thriller à la Française des plus remarquables...
Autour d'un scénario efficace où l'on rentre dès le début dans le vif du sujet, Boukhrief et son co-scénariste Éric Besnard (Le Sourire du Clown) nous plonge dans le monde intimiste des convoyeurs de fonds, une équipe peuplée de baroudeurs vulgaires, de vieux bonshommes étranges, d'une femme forte et d'un certain mystère qui plane sur la petite entreprise malheureusement prête à fermer ses portes. C'est là que va s'inscrire Alex (comme toujours épatant Albert Dupontel), solitaire et peu bavard, un peu gauche et apparemment désireux de se faire braquer pour tester un peu l'adrénaline.
Aussi mystérieux que les autres membres de la boîte, on ne sait pas grand chose de lui jusqu'à ce que le scénario nous le présente concrètement et avec une certaine efficacité, plaçant le long-métrage dans une toute autre optique. Ne dépassant que rarement le cadre de son sujet, situé quasi-intégralement dans la société de transport de fonds ou dans les camions de convois, le film ne s’embarrasse pas de longueurs inutiles hormis un semblant d'amourette et une relation ambiguë qui ne va pas bien loin avec une employée d’hôtel (clairement dispensable).
Avec sa galerie d'acteurs aux petits oignons (dont un surprenant Jean Dujardin bien loin de ses frasques des Nous Ç Nous) et sa mise en scène explosive, Le Convoyeur est une surprise de taille, parfois galvaudée par des effets de style américains et des plans certes léchés mais pas très utiles et hélas un poil prévisible sur son final mais dans l'ensemble maîtrisé, un tant soit peu original et surtout particulièrement efficace. Un polar comme on aimerait en voir plus souvent...