Une nouvelle fois, Guillermo del Toro nous livre un chef-d'œuvre d'une noirceur magistrale et enchanteresse. Il revient donc en Espagne pour son sixième long-métrage et traite, au même titre que L'Échine du Diable, de l'enfance et de la solitude qui l'accompagne en temps de guerre civile espagnole. Cependant ici, pas de fantômes mais des créatures merveilleuses et variées telles que des fées polymorphes, un faune fait de bois et de mousse ou encore un crapaud bougon. Le scénario s'intéresse donc à Ofélia (Ivana Baquero, une révélation), jeune fille curieuse et solitaire, qui doit quitter la ville pour la campagne auprès de sa mère enceinte d'un capitaine de l'armée froid, égocentrique et tyrannique.
Cet ennemi humain sans pitié ni amour est interprété avec majesté par Sergi López, impérial. La jeune Ofélia va donc se réfugier auprès de la forêt qui peuple des créatures légendaires afin d'y trouver un destin finalement pas si éloigné des contes de fées enfouis dans les livres qu'elle dévore... Plus abouti que L'Échine du Diable, le long-métrage nous transporte dans un monde violent, un monde de peur bien réel, où il n'y a aucune échappatoire. Cette réalité contraste avec l'univers mystérieux et enchanteur de la forêt, magnifique et tout aussi dangereuse. Les décors sont par ailleurs sublimes, confectionnés à échelle réelle avec soin.
La réalisation de Del Toro est donc plus maîtrisée, moins craintive, débarrassée des exigences d'un quelconque studio hollywoodien. Agrémenté d'effets visuels époustouflants pour une production hispanique, Le Labyrinthe de Pan s'avère être au final le film le plus poétique et le plus réussi de son metteur en scène, encore une fois scénariste, qui n'hésite d'ailleurs pas à nous entraîner avec grâce dans cet univers inédit qu'il a lui-même créé. Sans conteste un chef-d'œuvre du cinéma fantastique, une pièce maitresse dans la filmographie de Guillermo del Toro ainsi qu'une merveilleuse découverte à la fois brutale et poétique à ne manquer sous aucun prétexte.