El Laberinto del fauno est un film bancal. Tentant avec toute la bonne volonté du monde de faire cohabiter un univers onirique de créatures chimériques et une campagne espagnole encore inquiétée par les soubresauts de la guerre civile achevée cinq années plus tôt, Guillermo Del Toro réalise une oeuvre étrange qui manque d'équilibre, de liant.
Il n'y a pas grand chose à dire sur la forme. Si on adhère à l'univers visuel du bonhomme, on sera ravi de découvrir le bestiaire mis en place, notamment le fameux faune, aussi majestueux que glaçant, ou les décors ampoulés chargés de symboles appelant à la déambulation... La musique, construite exclusivement autour d'une mélodie de comptine, est très agréable à l'écoute, les acteurs s'en sortent fort bien, avec au dessus du lot un Sergi López épatant dans le personnage honni de Vidal.
Le problème reste le fond. Alors que le volet conte de fées est délicieusement ambigu (ne serait-ce que part l'adhésion du spectateur ou non à sa réalité), toutes les scènes liées à l'affrontement franquistes / maquisards, et ce sont elles les plus nombreuses, débordent de manichéisme grossier, manquent de suspens, de punch, voire le plus souvent d'une once d'intérêt. On n'attend qu'une chose, retourner dans le labyrinthe... Quoique nécessaire pour justifier l'échappatoire merveilleux de l'héroïne, ce carcan n'en est pas moins pesant.
Reste un final qui laissera le spectateur faire son choix, suffisamment d'indices contradictoires ont été disséminés tout au long de la pellicule pour accréditer chaque fin de destinée du sceau de la vraisemblance.