Ce Noël, notre jeune héros ne va pas le passer comme tout le monde. Il entre dans cette phase où l'on ne voudrait jamais entrer : celle du doute. Il commence à douter de l'existence du Père Noël... C'est à ce moment que débarque un train magique devant chez lui, un train qui va l'emmener directement au Pôle Nord ! Débute alors un voyage qui va changer sa vie...
C'est le film de tous les paradoxes : il est laid et beau à la fois, il est bourré de défauts et parfait, il est gnangnan et émouvant, il est pour les enfants mais les adultes l'adorent...
C'est comme ça : il y a des films, je me dis parfois "qu'est-ce que j'aurais aimé les découvrir enfant !"(celui-là, je l'ai vu pour la 1re fois après mes 20 ans), mais bizarrement, pas Le Pôle Express. Et en fait, la raison est toute simple : à chaque fois que je le revois, je SUIS un enfant. C'est tout le miracle de Noël et tout le miracle de ce film.
Donc oui, faisons d'abord parler l'adulte et disons-le : c'est quand même assez laid, tout ça. Le design des personnages est particulièrement freak, il y a des plans où les enfants n'ont pas de cou, des mouvements tout rigides, ils ont l'air de voler au-dessus du sol... Pour une technique censée renforcer le naturel, c'est drôle, on dirait que ça en enlève encore plus ! Bon, Zemeckis a l'excuse des pionniers, je ne le nie pas : il est le premier à faire un truc, normal que ce soit pas parfait. Mais c'est drôle que, malgré cette laideur, on continue à voir ce film aujourd'hui. Vu de 2023, ça pique quand même un peu les yeux par moments...
Mais c'est parce qu'en même temps, c'est beau. Pas les personnages, mais tout le reste. Les paysages, le train, la ville enchantée... et surtout, ces couleurs, putain ! C'est ça, Noël, et rien d'autre ! La beauté graphique de chaque plan fait oublier toutes les fautes de goûts et les erreurs techniques. On voudrait juste entrer à chaque plan un peu plus dans cet univers si fascinant.
Du côté de l'histoire, c'est amusant, parce que ce n'est pas mieux. Il y a quasiment aucun enjeu, et le seul mystère qu'on a (vaguement) envie de percer, c'est pourquoi le petit Billy se sent aussi écarté de Noël (spoiler alert : on ne le saura jamais). Les péripéties sont la plupart du temps idiotes ou complètement sorties de nulle part ("oh, je perds le billet dans le vent", "oh, je monte sur le toit parce que.. parce que quoi, en fait ?", "oh, j'ai cassé une pièce de la locomotive"). Il n'y a rien qui va, et en même temps, mais qu'est-ce qu'on s'en fout !
Parce qu'on est à bord du train, et que Zemeckis réussit à nous faire vivre le voyage comme si on y était. Non, pas "comme". On y est. La magie de Don Burgess opère comme dans aucun de ses autres films (et pourtant, Forrest Gump et Conjuring 2, c'était quelque chose !). Oui, ses plans en vue quasi-subjective sont plus dignes d'une attraction virtuelle à Disneyland que d'un film de cinéma. Mais on s'en fout, bas les c... ! C'est trop bon ! On y est, sur la montagne russe, sur le lac gelé, dans les souterrains du pôle Nord ! On dévale la pente, on se prend plein de neige dans la gueule, on glisse sur un lac avec les héros, et on se retrouve perdu dans un sac géant rempli de cadeaux à leurs côtés !
Il n'y a aucune logique à ça ? Bien sûr ! Mais pourquoi chercher de la logique quand on est chez le Père Noël ? C'est pour ça que c'est aussi beau !
Bref, vu d'un regard d'adulte, Le Pôle Express est un film un peu bêta qui propose un voyage dégoulinant de sucreries et de sentiments trop bons pour être honnêtes. Mais si vous pensez ça (ce que je ne souhaite pas), remettez-vous en question.
En effet, ce soir, j'ai compris pourquoi malgré tous ses défauts, j'aime tant ce film. Parce qu'à la fin, sur ce plan tellement triste où les parents font sonner la clochette et qu'ils n'entendent rien... Et ben moi, si.
Je l'ai entendue sonner.
Et ce son, je ne suis pas prêt de l'oublier.