Le Pôle Express
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Le Pôle Express

Long-métrage d'animation de Robert Zemeckis (2004)

L'entends-tu toi aussi, le son du grelot ?

Je me souviens encore très bien de la sortie du Pôle Express au cinéma. J’étais tout gamin, mais déjà je prenais conscience de la puissance quasi magique que le septième art pouvait avoir. J'en ressortais des étoiles plein les yeux (je crois d'ailleurs qu'à cette époque je « croyais » encore au Père Noël... c’est dire, c’était le bon temps !), et ce film devint rapidement une sorte de rituel que l’on regardait en famille chaque année, lors du réveillon ou à son approche. Mais pour moi, ce film est bien plus qu’un simple dessin-animé parfait pour les fêtes de fin d’année, car Zemeckis y insuffle une magie dont lui seul a le secret et que l’on retrouve d’une certaine manière dans tous ses autres grands films, de Retour vers le Futur à Forrest Gump : un retour à l’enfance, à la sincérité, à la nostalgie jamais négative, et à une certaine pureté de ses personnages qui émeuvent et rendent heureux par les bons sentiments qu’ils dégagent.


Le Pôle Express, ce sont déjà des prouesses techniques en terme d’animation. Pour l’époque, 2004 donc, les expressions faciales sont impressionnantes et les décors, effets de fumée, jeux de lumière ou autres procédés visuels vraiment épatants. Zemeckis ne fait pas qu’utiliser la 3D comme le font alors tous les studios d’animation depuis une dizaine d’années déjà, mais l’incorpore à son processus créatif de manière, justement, « créative ». Même modélisé, Tom Hanks fait transparaître toute sa sympathie et son charisme – ce qui est très fort technologiquement –, et les enfants ont tous un quelque chose bien à eux, singulier, dans la voix comme dans les visages, qui fait qu’eux aussi sont de vraies réussites et dégagent de réelles émotions.


Et puis, Zemeckis oblige, ce sont aussi des mélodies mémorables qui accompagnent le spectateur tout au long de l’aventure. Les amateurs de Joe Hisaishi reconnaîtront à n’en pas douter quelques notes de la Waltz of Chihiro dans le thème principal ; ceux qui préfèrent Disney y trouveront aussi leur compte musicalement, avec des chansons entraînantes qui restent facilement en tête, et des chorégraphies plutôt inventives. Bref, musicalement, Le Pôle Express frappe très fort et cette bande-son de qualité participe grandement à l’onirisme et la magie qui parcourent le film.


Une magie, donc. Voilà ce que je retiens du Pôle Express depuis tant d’années. Un long voyage qu’on on ne saura jamais s’il est fantasmé ou non – et qu’importe, c’est justement le principe même du film –, où des enfants se retrouvent à bord d’un train en direction du pôle nord pour y rencontrer le Père Noël et, peut-être, être choisi pour avoir la chance de recevoir le tout premier cadeau, remis en mains propres par le vieux monsieur à barbe blanche.
Le personnage principal, un petit garçon du nom de Billy, semble être en train de basculer dans le « monde des grands » et ne plus croire au monde merveilleux du Père Noël. Le trajet sera pour lui une perpétuelle remise en question de sa réalité, de son monde tiraillé entre le rationalisme de l’adulte et l’imagination de l’enfant. Petit à petit, sur les bons conseils du conducteur de train (Tom Hanks donc, qui double également sans aucune coïncidence son propre père, le clochard sur le toit du train et le Père Noël en personne ; bref tous les personnages qui à un moment donné de l’histoire représentent une figure paternelle, un guide et un conseiller), Billy va s’ouvrir aux autres, apprendre à connaître et à tendre de la main à ces enfants qui viennent d’horizons divers, à l’éducation bien différente, aux caractères souvent incompatibles, mais qui partagent tous un même dénominateur commun : la croyance, en leurs rêves bien sûr, mais aussi en l’autre.
Ainsi le garçon monsieur-je-sais-tout apprend à être patient et à laisser de la place à ses amis, le jeune fille gagne en maturité, et le petit garçon solitaire accepte progressivement l’aide des autres. Et finalement, lors d’une scène qui je l’avoue me tire encore une ou deux larmes, où le conducteur poinçonne les billets dans leur entièreté, chacun prend conscience de ce que ce voyage onirique lui aura apporté.


D’ailleurs, je me permets une réflexion sur la relation possible entre le prénom même du personnage, Billy, et le mot poinçonné sur son billet, believe, qui sont presque des homonymes. Billy sonne comme si le mot believe était inachevé, comme si le billet n’était pas complètement poinçonné, et cela concorde parfaitement avec sa personnalité d’enfant peu convaincu par les fables. Billy, soit le surnom d’une croyance incomplète ? À en croire la fin du film, et cette belle métaphore du grelot, son âme d’enfant est toujours bien vivante, et heureusement. Car après tout, croire n’est-il pas le plus important ? Je pense qu’il suffit de croire pour que la chose existe, du moins pour soi – et c’est le plus important, non ?


Le Pôle Express est encore et toujours un film qui me rend heureux, qui me rappelle de ne jamais abandonner l'âme d'enfant qui est en nous, et de ne surtout jamais sacrifier nos croyances sur l'autel d'un monde d'adultes désenchanté. Zemeckis propose un message universel de partage, d’amitié, de tolérance tant envers ce en quoi les autres croient qu’envers « l’autre » en général. Un voyage magnifique plein d’étoiles, et quelques frissons qui me font regretter ce temps de plus en plus lointain où, en robe de chambre, les pieds au fond de mes pantoufles et mon doudou sous le bras, je partais me coucher la tête remplie de rêves, impatient de me réveiller et de foncer dès l’aube m’asseoir au pied du sapin. Un temps où tout était possible, au moins une fois par an.


À condition d’y croire.

Créée

le 19 déc. 2017

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Jules

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