A Man of Steel Rises

Des années après les excellentes adaptations de Dark Knight Returns, et depuis qu'ils ont lancé cet univers partagé en animés, DC Comics semble s'être lassé de satisfaire par ses dtv de qualité, et ne sachant plus comment adapter ses comics, s'enfonce dans une timeline qui semble ne jamais trouver de conclusion. Au moment d'adapter les comics du NEW 52, les mêler aux grands évènements éditoriaux d'ils y a 10, 15, 20 ans commence à placer cet univers DC animé dans une position bancale.

Parce que si l'on décide de mêler les publications actuelles avec La Mort de Superman (à tout hasard), il faut réadapter l'oeuvre pour convaincre avec les codes moraux, idéaux actuels, en plus de respecter les graphismes des comics de ces dernières années. Et si cela marchait avec la première partie, qui se contentait au final de reprendre le design de ses personnages classiques actuels sans ajouter de nouveaux protagonistes, c'est ici que cela peut déranger, avec la reprise des Supermen spéciaux des années 90.

Si le véritable Clark Kent aura perdu ses cheveux longs (remercions la première partie pour cette bonne idée), les Superboy et Superman à lunettes jaunes sembleront issus d'une faille temporelle, n'ayant pas été réadapté comme le Cyborg Superman, de sorte à satisfaire sans qu'on se dise qu'ils viennent d'un vieux comics, donc qu'ils ne peuvent interagir avec des personnages actualisés.

D'autant plus qu'on sent, avec le personnage de Cyborg Superman, des mimiques, une personnalité manichéenne (qu'ils tentent de nuancer par son passé dramatique), ainsi qu'une propension aux clichés dramatiques proche des antagonistes clichés des comics de l'époque. Mais d'un autre côté, n'est-ce pas là une preuve de bonne adaptation, puisqu'il garde les principes du comics de base en réactualisant certains de ses propos?

Pour y répondre, on cherchera dans l'écriture du film; son animation étant toujours aussi rigide et saccadée, on évitera de s'épancher bien que les proportions de ses dessins rendent mieux que dans la plupart des animés Justice League et que l'on ressente bien la force de ses combats (grâce à un bon travail sonore). Et le problème de l'écriture, c'est que le film est chargé d'adapter plus de 500 pages en moins d'une heure et demi.

Forcément, c'était impossible, force étant de constater qu'il fait des choix parfois regrettables, qu'il est obligé de réduire au maximum les sous-intrigues passionnantes, et que le retour de Superman, cheveu sur la soupe, vient beaucoup trop tôt et sans véritable impact, puisque comme pour le Justice League de Whedon, le lore n'a pas encore été suffisamment posé pour que l'on ressente la moindre chose à la résurrection d'un personnage qu'on connaît finalement très peu.

Il reste tout de même la profondeur du personnage de Lex Luthor, entamée par la première partie, et bien conclue par celui-ci; de même que l'arrivée de Superboy, si la scène est très belle, apporte plus d'humour à deux balles que de développement de personnalité un tant soit peu intéressant. Et que dire de Lois Lane qui, comme dans Batman v Superman, semble seulement servir d'outil scénaristique faisant avancer l'intrigue, son personnage agissant peu pour beaucoup de parlottes.

Une réadaptation raccourcie, donc, qui tente de se raccrocher au présent en tissant des liens de la taille de ponts entre le comics de base et le New 52, en amenant notamment Darkseid dans l'équation, pour un retour final en Apokolips plutôt bâclé. Le Règne des Supermen se pose comme une alternative tout de même intéressante à l'univers cinématographique (dé)partagé de DC, qui n'aura pas eu le cran de donner à Superman son costume noir, sa barbe, et de développer les opportunistes d'entre d'eux. Vient enfin une représentation de Steel qui rattrape le désastreux téléfilm des années 90, qu'on placerait presque au même niveau que le film de Spawn, bizarrement sorti à la même époque.