Le rouge est mis
"Le rouge est mis" est un film de Gilles Grangier tiré d'un roman d'Auguste Lebreton (Série Noire n° 213). Le scénario et les dialogues sont majoritairement d'Auguste Lebreton et partiellement de...
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le 3 oct. 2021
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Gilles Grangier est un des cinéastes français les plus influents des années 1940-1960. Il a dirigés régulièrement les acteurs les plus importants de son temps, comme Bourvil, Fernandel, Arletty ou Jean Marais ; et surtout Jean Gabin, au casting de douze de ses films (Les vieux de la vieille, L'âge ingrat, Le cave se rebiffe, etc). C'est la vedette du Rouge est mis, adaptation du roman éponyme d'Auguste Le Breton* par Michel Audiard. Une équipe typique complétée par la présence de Lino Ventura, dans un rôle paraissant secondaire, ce qu'il n'est pas dans la hiérarchie du film (même si ses propriétés sont plus étriquées que pour ses camarades).
La faute en revient au meilleur atout du Rouge, dont le tort est le mérite : occuper tout l'espace et la contaminer avec sa morale. Gabin campe un personnage particulièrement dur, bien plus sec que celui de La Traversée de Paris (un an avant) et quasiment dépourvu d'humour. Sinon lui, Le rouge est mis manque de singularité et se voit forcément comme un de ces polars crus de l'époque, sans se détacher foncièrement du lot. Il ne manque pourtant pas de caractère et déploie une aigreur extrême. Rarement ce fatalisme sans idéal, pas loin du nihilisme civilisé dans la forme, a été si saillant et unilatéral, à la limite de la bestialité propre, dans les polars crus de l'époque.
Toutefois si cette aigreur est répandue ouvertement, c'est sans profondeur particulière. La vision exprimée est très cynique sur l'ordre social et les raisons animant les hommes ; et dans ce monde-là, le tort du frère de Louis Bertain, c'est de s'être fait choper pour un tout petit larcin. Quel misérable crétin, quelle honte. Sinon il n'y a pas plus d'autorités morales qu'il n'y a d'ailleurs, sinon l'hypothèse d'une retraite à la campagne pour s'autoriser un peu de paix et se purifier. L'amertume est partout, jusque dans la repentance : « Faut croire qu'en vieillissant on cherche tous à se blanchir ». Pour le plaisir de voir Gabin superviser avec poigne sa galerie de salauds, de médiocres et de fantômes.
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Créée
le 16 janv. 2015
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