Esthétique du film noir à la française

Tout a été mis en place pour assurer le succès et le brio de ce drame criminel qui figure aux côtés de Touchez pas au grisbi ou Du rififi chez les hommes parmi les réussites du genre, même si la réalisation de Grangier ne possède pas le romantisme tragique des 2 films pré-cités. Ce réalisateur a toujours été lapidé par la critique intello parce que ces gens ne savent pas voir les bons polars d'atmosphère quand ils en ont un sous le nez, ou vilipendent les succès populaires qu'il a signé sous prétexte justement que c'est trop populaire. Gabin en a fait un de ses réalisateurs fétiches, avec 12 films ensemble, et pas des moindres, ici nous avons encore un roman d'Auguste Le Breton avec des dialogues millimétrés d'Audiard, et Gabin qui domine tout son petit monde, y livre encore une prestation solide et déterminée de "bon" gangster, tout en retrouvant le vieux poto Paul Frankeur et pour la 3ème fois le jeune Lino Ventura qui accède en douceur aux premiers rôles. Les rôles de Marcel Bozzuffi et d'Annie Girardot sont aussi bien étoffés. C'est un pur polar noir à la française, au ton sec, proche de Razzia sur la chnouf, un prototype de cinéma populaire de qualité qui sent bon les années 50.