Saint-Barthélémy, façon Serbes...
400 Palestiniens, nouveaux pestiférés...
En Somalie, toujours les sanglantes rivalités tribales...
Nouveau désastre écologique tricoté mains - inconscientes - aux Shetlands...
Et le Soudan, le Cambodge, l'Ex-U.R.S.S., la crise (avant l'actuelle !)...
C'était "ça", à la Une, la Civilisation, l'Humain, à l'époque. C'était donc dur d'y croire !
Alors, y'avait encore plus de quoi se dire : vive la fiction cinématographique ! Qui offre une image très réconfortante avec des films aussi beaux et forts que "Le petit prince a dit". L'opus 3 de Christine Pascal, actrice subtile, réalisatrice ayant des choses à dire, touche en plein coeur par son sujet grave, mais sans céder au mélo facile.
Chiffre 3 aussi pour la famille éclatée qu'on adopte d'emblée. Adam (Richard Berry), scientifique sur souris, a trop cherché la petite bête avec Mélanie (Anémone), actrice qui nourrit au vin blanc des rôles sombres. Ultime lien : leur fille de 10 ans. Violette est boulotte, lambinarde, mais heureuse de vivre, avec une belle bouille. Mais elle a dans sa tête le plus laid qui soit : tumeur incurable ! Dès qu'il sait le diagnostic couperet, son père l'enlève loin de l'engrenage médical, la chimio, pour de grandes vacances improvisées...
Une enfant qui se sait condamnée : de quoi faire verser un Niagara de larmes façon "Docteur François Gailland". Christine Pascal use, au contraire, du registre minimaliste. A force de pudeur, de retenue, de non-dit, ou alors la vérité dans sa simple cruauté, son film est en fait un hymne à la vie. Dès que la cellule familiale se recrée dans une maison-cocon, il y a plein de petits bonheurs sur grand écran. Relancer la gourmandise enfantine en faisant des bananes flambées à haute voix. Démarrer une bagarre d'eau. Retrouver un chien, ultime compagnon, après une nuit blanche. Chanter la comptine du titre... Plus gravement, un père qui prend enfin - trop tard - la mesure de sa relation avec sa progéniture. Avec un vital regain d'amour des parents autour de "La petite fille au bout du chemin" dont le visage se fond dans le blanc à la fin. Sincérité du propos jusque dans l'acceptation de la mort annoncée, injuste et inéluctable. Et ce, deux décennies avant "Alabama Monroe" !
La bouleversante pudeur qui irradie le film est liée à l'interprétation tout à fait magique du trio vedette. Richard Berry, en père meurtri, contrit, démontre qu'il a aussi en lui des richesses d'émotion virile. Anémone, sans retrouver un rôle aussi inoubliable que dans "Le grand chemin", rompait un peu plus superbement avec son emploi de nunuche juste bien foutue. Quant à la petite Marie Kleiber, elle semble évoluer dans une autre dimension pour avoir la maturité en accéléré et la légèreté apeurée de son personnage.
Christine Pascal, avec "Le petit prince a dit", c'est le cinéma du coeur, donc sur la voie royale !